Retour sur “La Nuit des Taupes”, une pièce de Philippe Quesne
©Martin Argyroglo
La Nuit des Taupes est une pièce de Philippe Quesne, directeur du centre artistique National “Nanterre-Amandiers” et metteur en scène reflétant tout à fait sa vision du théâtre et son atmosphère expérimentale.
Les spectateurs, transportés dans une grotte, se retrouvent coupés de notre réalité, sous la terre et pourtant, le lien avec le mythe de la caverne de Platon demeure plus qu’évident.
Nous y voyons une version “simplifiée” de ce que nous sommes, retranscrit par une communauté de taupes. Le spectacle nous présente leur vie quotidienne, sous toutes ses facettes, de la naissance à la mort. Néanmoins, les actions sont réalisées de manière symbolique, parfois même ironique, en rapport à celles des humains, de façon à mettre en abime et critiquer notre société. Le spectateur rit et se pose des questions, reconnaissant des gestes ou activités familières. Il est complice et en même temps se permet un regard critique sur cette civilisation utopique, loin de la nôtre.
Ce côté animal, peut être lié à l’image primitive que nous avons de la grotte, permet à Philippe Quesne de simplifier tous les éléments de cette société jusqu’à leur essence. La pièce recouvre tous les moments de notre vie, les joies et les conflits, nous avons presque l’impression que tout est simple. Et même si les caractéristiques et les “fonctions” des taupes sont conservées, nous nous voyons en elles.

©Maria Krasik
Il y a tout de même une place spéciale qui est destinée à l’art et malgré toutes les difficultés et défis, les taupes semblent trouver un “refuge” dans la musique rock, la jouant lors de moments forts, tels les obsèques, ou pour accompagner leur travail et temps de repos. Ils intègrent une fois de plus une vision Platonienne lors d’un spectacle d’ombres. Dans un mouvement final, tout le groupe va vers les musiciens, se mettant à produire des sons ou simplement bouger en rythme avec la musique, appuyant son importance, une importance symbolique de la musique pour l’Homme, comme art universel.
C’est une pièce légère et comique à regarder, mais elle transporte le spectateur par tous ses sens dans un univers hors du commun, remettant en question nos coutumes et principes les plus basiques. Elle nous envoûte par sa musique, sa lumière, par une légère brume et par le charme des taupes dans un monde, où les mots sont inutiles. Comme si le jeu de lumières reflétait notre vie dans la caverne de Platon, cette caverne reflète notre société, sans pourtant lui être pareille. Par cette métaphore là, nous revenons à l’essence du théâtre.
Propos de Maria Krasik
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