Weaving chaos au Centre Pompidou : Tânia Carvalho fait tanguer Ulysse
Weaving chaos De Tânia Carvalho Du 24 au 26 septembre 2014 Plein tarif :18 € Durée : 1h Centre Pompidou M° Hôtel de Ville ou Rambuteau |
Du 24 au 26 septembre 2014
Douze marins en dérive, dans un chaos bien tissé. Théâtre de danse, mascarade grotesque, mystère médiéval, danse macabre, flamboyance baroque, la nouvelle pièce de Tânia Carvalho, tout juste créée à la Biennale de la Danse de Lyon, fait escale à Paris. À explorer sans bouée de sauvetage ! Dix ans d’errance ! Le parcours chaotique du héros et de son équipage pourrait donner lieu à une évocation de migrants à la recherche d’une terre d’accueil. Et Tânia Carvalho est une artiste portugaise évidemment en difficulté à trouver dans son pays les moyens économiques nécessaires pour ses créations. Heureusement, elle a trouvé, grâce à son talent, un soutien fort auprès des théâtres et festivals français. Tânia Carvalho, qui était très punk à ses débuts, aime bien rire, à la ville comme à la scène. Ses spectacles prennent souvent une tournure grotesque derrière laquelle pointe le tragique. Aussi, Weaving chaos met en scène la traversée d’une zone de turbulences intérieures autant que maritimes et s’en amuse en même temps. Weaving chaos ne raconte pas l’histoire de l’Odyssée, mais l’état psychique et physique d’un groupe de guerriers à la dérive. Plus grotesques que burlesques, certains tableaux ne sont pas sans évoquer des phantasmes de morts violentes. L’idée même de danser est la dernière qui leur passerait par l’esprit. Ils sont douze sur un bateau, la folie les guette. La mer est leur amie et leur ennemie en même temps, leur seul espoir de rentrer et pourtant une menace permanente, agitée par Poséidon. Leurs habits sont déchirés, blanchis par le soleil, leur visage desséché. Mais la mer les tient en éveil, autant que le désir de retrouver leur Ithaque natale. Comédiens, anciens danseurs classiques et danseurs contemporains forment un ensemble où chacun(e) imprime une identité forte. Leur errance n’est pas seulement une traversée des flots, mais aussi un voyage à travers le groupe et différents univers artistiques. Extrêmement visuelle, la pièce s’achève sur de splendides tableaux vivants, donnant à penser que Tânia Carvalho, qui par ailleurs compose, écrit et joue aussi ses propres chansons, pourrait tout aussi bien réussir en tant que peintre. Les cols élisabéthains, les barbes coloriées, les visages blancs ou bien le plus simple appareil de ces aventuriers peuvent évoquer Géricault, Bacon ou Schiele, ou bien les pauvres fous beckettiens du mythique May B de Maguy Marin. À d’autres moments, on pense au Sacre de Pina Bausch. Il est vrai que Tânia Carvalho affectionne toute la lignée germanique à partir de la très grotesque danse expressionniste des années folles. Voilà qui n’est pas trop éloigné de ce qu’elle cherche, à savoir “des formes indéfinissables où chacun va trouver ce qui correspond à son parcours, son bagage. Ensuite, je fais faire aux danseurs des choses dans un esprit totalement opposé. Ça crée par exemple une opposition entre une ambiance romantique et douce – j’utilise en effet des mouvements du ballet romantique – et des actions violentes, furieuses.” Et elle rit, comme toujours quand elle parle de son travail. [Photos © Michel Cavalca] |
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