Profession Quichotte – Festival Théâtral du Val d’Oise
Les amoureux du théâtre ne pourront être insensibles à cette entrée en matière sur la servante, lumière et âme du lieu. Le metteur en scène comme archétype du créateur fait face à ce personnage à l’apothéose de la poésie qu’est le fabuleux Don Quichotte !
La représentation n’est qu’une mise en abîme constante, un jeu de va et vient entre l’œuvre et la représentation. Jean-Louis Heckel et ses comédiens donnent la réplique à ce Don Quichotte de bois, à ce pilier de l’art poétique. Les différentes tentatives d’adaptation du roman de Cervantes ont toutes été plus chaotiques les unes que les autres, nous avons notamment en mémoire le récit de l’échec du film de Terry Gilliam, Lost in la Mancha. Aussi Jean-Louis Hecquel a choisi ici d’en faire un terrain d’essai, essai au sens philosophique du terme.
L’entité féminine du roman, Dulcinea, nous apparaît sous les traits d’une comédienne en train de s’échiner à tenter d’incarner ce personnage totalement désincarné. Elle est la Femme, elle est toutes les femmes… Elle est Marilyn Monroe, le sex-symbol, la femme-enfant, le glamour, la naïveté. En effet, la compagnie s’attaque à l’icône pour remettre en cause le cliché, au propre comme au figuré !
C’est peut-être tout simplement une déclaration d’amour à l’art et à son champ des possibles, pour croire encore, pour espérer et faire vivre les mythes historiques comme Gandhi ou le Che, une ode à la résistance. On relèvera le clin d’oeil certes facile mais non moins touchant aux enfants de Don Quichotte qui est juste une façon de ne pas oublier l’importance de l’entraide, de la présence de l’autre et par-dessus tout du rêve, d’être encore capable de rêver “et puis lutter, toujours sans questions ni repos, (…) pour atteindre, à s’en écarteler, pour atteindre l’inaccessible étoile” (La Quête, J.Brel) !
La forme se prête parfaitement aux enjeux de cette quête et l’on peut dire en toute sincérité que la réussite plastique de la marionnette est justement mise en valeur par la dextérité de ses manipulateurs, également très bons interprètes. Et surtout, soulignons qu’enfin, le propos de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche a été saisi : le but n’est pas l’étoile mais le chemin à rêver et à parcourir ensemble !
Angélique Lagarde
Profession Quichotte
D’après Don Quichotte de Cervantes
La Nef
Traduction: Aline Schulman
Mise en scène: Jean-Louis Heckel
Adaptation et interprétation: Baptiste Etard, Jean-Louis Heckel et Claire Perraudeau
Marionnettes: Carole Allemand, Pascale Blaisonet Sébastien Puech
Construction décor: Vincent Gouerec
Lumières: Julien Paulhiac
Vendredi 13 novembre à 21h au Théâtre 95 à Cergy- Pontoise
Dans le cadre du Festival Théâtral du Val d’Oise
Théâtre 95
Allée du Théâtre
BP 70098
95021 Cergy-Pontoise cedex
Festival théâtral du Val d’Oise
Réservations : 01 34 17 99 00
email: fest.theatralduvaldoise@wanadoo.fr
Site : www.thea-valdoise.org
Site de la compagnie : www.la-nef.org
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