Plus belle sera la chute : “Il n’est pas encore minuit…”
Il n’est pas encore minuit… Compagnie XY Du 18 novembre au 27 décembre 2015 Tarifs : de 18 à 26 € Espace Chapiteaux M° Porte de La Villette |
Du 18 novembre au 27 décembre 2015
Des corps, rien que des corps… Des corps en masse ! Vingt-deux, comme pour un corps de ballet. Mais les acrobates de la compagnie XY sont tous protagonistes. Porteurs et voltigeurs inventent des prouesses de haut vol et profitent pleinement de leur force d’occupation du plateau. Jamais encore sauts périlleux et acrobaties, l’envol et la chute n’ont été chorégraphiés avec autant de fluidité. XY impose une écriture collective qui permet à chacun de s’épanouir pleinement. Ils sont un vrai collectif, ils ont fait appel au talent du chorégraphe Loïc Touzé, ils s’installent à La Villette avec leur chapiteau. Avec deux spectacles seulement, la compagnie XY a su marquer les esprits et s’imposer dans le paysage du cirque contemporain. Pourquoi ? Parce qu’ils vont au bout de la logique de ce pan de la création artistique. Il n’est pas encore minuit… commence par des images de lutte, cachant peut-être une référence à la vie dans nos métropoles. C’est le rush hour sur le plateau, et pourtant l’ambiance devient apaisée et solidaire. On construit ensemble. Des envolées, des pyramides, des réceptions (de chutes). La mise en scène du collectif par des collectifs circassiens est un classique du cirque actuel. C’est même sa raison d’être, son ADN, son modèle du vivre-ensemble pour les arts de la piste et dans la vie en général : une autre piste est possible ! Les costumes évoquent un groupe qui partage des valeurs communes, ce qui fait des vingt-deux qui se lancent en piste une sorte de communauté qui en représente une autre : “Nous sommes surtout une somme d’individus qui ont un objectif en commun. C’est ce qui crée la communion de nos singularités”, disent-ils et avouent en même temps que ce n’est pas si simple. Tous ces individus ont leur point de vue, et il n’est pas question de les formater, mais de les conjuguer. Aussi avouent-ils que la création a été accompagnée d’énormément de discussions. Serait-ce donc également un modèle pour nos collectivités ? XY oppose l’image du collectif à un monde qui oblige à la lutte permanente de tous contre tous. Minuit ou pas, il y a là souvent comme une division entre une sphère au sol, bougeant en sens horizontal, et une autre sphère qu’elle porte, aérienne et consacrée à la verticalité. Progressivement émergent des ambiances de poésie et de cohésion, où l’on sent une forte conscience du mouvement qui amène une grande fluidité et beaucoup de poésie. Pas évident de lier prouesses acrobatiques et fluidité du mouvement. La réussite d’XY tient aussi à sa collaboration avec le chorégraphe Loïc Touzé. “Dans notre travail de tous les jours, les deux sont totalement opposés. Le travail sur la fluidité faisait partie de nos défis principaux. Il a fallu travailler la technique d’abord, pour ensuite atteindre un état plus poétique. Touzé a amené sa sensibilité et sa capacité à organiser les tableaux d’ensemble.” Et après avoir affronté tant d’adversité, on peut faire la fête aussi, en dansant.
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“Il n’est pas encore minuit…”, ça peut aussi signifier “il n’est pas encore trop tard pour un sursaut”. Ce qu’ils disent : “Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin.” Et on monte plus haut, on s’envole avec plus de confiance, on bâtit plus fort. Ces vingt-deux-là montent vers le ciel comme pour construire une tour Eiffel humaine. “Il n’est pas encore minuit…”, ça veut aussi dire qu’il reste du temps pour un tour de piste, par exemple en dansant le Lindy Hop. Cette danse à la mode dans les années 1930, venue des États-Unis, est aujourd’hui de nouveau chouchoutée et pratiquée avec ferveur par une communauté très soudée à travers l’Europe.
Thomas Hahn
[Photos © Christophe Raynaud de Lage] |
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