« Pas d’souci » de et avec Philippe Fertray – Prolongation au Théâtre de la Contrescarpe jusqu’au 30 mars !
Dans cette forme de théâtralité pour un homme seul, se glisse toute l’intelligence d’un comédien rompu au bon sens qu’il faudrait donner à la vie. Pour son incursion dans la mémoire sensible des lieux et des objets, il propose une étonnante galerie de portraits et use ainsi des philosophes et de la philosophie comme un cuisinier volubile nous concocterait un bon plat.
Philippe Fertray se joue des mots et des expressions toutes faites. A peine a t-il exécuté un nécessaire « chauffement climatique dans sa réalité augmentée de microparticules fines », qu’il nous abreuve d’accessoires qui en diront long sur ses intentions.
Philosophe, c’est une affaire entendue, il l’est ! Philippe Fertray démêle les propos les plus confus de quelques-uns de nos contemporains pour démontrer que ceux-ci perdent trop souvent l’occasion de se taire. Le comédien, par exemple, au cours d’une imitation désopilante ne laisse rien passer des propos alambiqués de Christine Angoisse (Christine Angot à la TV), elle en prend pour son grade. Rassurons-nous, il n’y a pas qu’elle à passer au tamis du comédien.
Avec sa gestuelle appuyée et par son mode d’expression que la logorrhée du discours fertrayen semble envahir, le comédien dresse un inventaire hilarant des abus textuels et des tics voire des tocs de notre soi-disant parler clair.
Il nous réjouit quand il dénonce les expressions vides que sont les «éléments de langage», empruntés à la bêtise des communicants et autres bourreaux du langage commun.
Molière Coup de cœur !
Pour ça, des niaiseries, il en fait une belle liste explicative !
Alors, pour dérouler son propos édifiant, il nous offre de surprenants accessoires : une voiture en plastique, une lampe à huile-satellite, des lunettes scintillantes, un bout de branche en bois, un téléphone, une tasse en métal, un cheval andalou qu’il restitue bien vivant sur scène grâce au rythme trépidant qu’il donne à ses castagnettes espagnoles imitant le galop.
Franchement, il y’a « Pas d’souci », vous partagerez avec lui ce constat que le monde gagnerait à plus de simplicité et à moins de travestissement du réel.
Dans son appel à la sincérité, Philippe Fertray incarne différents personnages qui nous enchantent. Son rythme étonnant donne à voir un spectacle réjouissant.
Pour « Pas d’souci », Philippe Fertray a obtenu le « Ptit Molière Coup de cœur 2016 ». Il a eu un grand succès au festival Off d’Avignon et ce spectacle, dont il a confié la mise en scène à Virginie Darmon, est prolongé au Théâtre de la Contrescarpe à Paris jusqu’à la fin du mois de mars.
Patrick duCome
P’tit coup de projo sur… Philippe Fertray, cet étrange artiste…
Difficile de confiner le comédien dans une seule catégorie, il est également Youtubeur avec sa chaîne à lui sous le pseudonyme d’Al Zimmer qui donna le titre de son premier spectacle en collaboration avec La Compagnie du Cri Qui Pousse, basée à Bergerac en Dordogne. « Nous sommes la Compagnie du Cri Qui Pousse. Nous jouons, nous rions, nous faisons du vélo ! »
Il développe sur les réseaux sociaux une démarche humoristique inédite.
Né à Bourg-la-reine en 1972, plasticien de formation (nombreuses expositions en France et à l’étranger), diplômé de l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris et d’Histoire de l’art à Paris IV, Philippe Fertray précise qu’il est « un touche à tout par vocation, sorte d’artiste protéiforme que toutes les aventures artistiques intéressent ». Il a été « artiste sociologique », critique d’art, enseignant en communication visuelle dans les écoles de Beaux-arts de Pau, Orléans, Douai et Paris.
Il est concepteur d’effets spéciaux numériques pour le cinéma et la télévision (avec Egor Konchalovski, Tonie Marshall, Gilles Mimouni, Claire Devers, Zabou Breitmann, Johny Depp et Elie Chouraki…)
Pour ce scénographe d’expositions, la peinture, le dessin et l’écriture sont sa maison d’origine.
Il précise : « C’est mon jardin d’enfance ! »
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