Georges Feydeau
Georges Feydeau, fils du romancier Ernest Feydeau, nait à Paris en 1862, dans un milieu bohème et littéraire. Sa mère lui révèle qu’il serait le fils de Napoléon III. Dès son plus jeune âge, Feydeau se passionne pour l’écriture. A seulement sept ans, l’écrivain en herbe compose sa première pièce. Puis il délaisse rapidement ses études pour se livrer entièrement au théâtre. Il fonde la compagnie Le cercle des Castagnettes (1876-1879) et fait ses premières armes en tant qu’acteur puis auteur et metteur en scène dans des cercles mondains. Ses monologues et courtes pièces y sont appréciés.
Tailleur pour Dames est salué par la critique en 1887 et suscite les encouragements d’Eugène Labiche. Mais il faut encore pas moins d’une demi-douzaine de pièces et des années de persévérance à l’auteur pour assoir sa réputation sur la scène théâtrale parisienne. Le triomphe de Monsieur Chasse, en 1892, marque un tournant dans sa carrière. Dès lors, l’écrivain, prolifique, enchaîne les succès à raison d’une à quatre œuvres par an. Il écrit seul ou avec ses collaborateurs, Desvallière et Maurice Hennequin : Champignol malgré lui (1892), Un fil à la Patte (1894), L’Hôtel du Libre Échange (1894), La Dame de chez Maxim (1899), La Duchesse des Folies-Bergère (1902), La Puce à l’oreille (1907), Occupe toi d’Amélie ! (1908) suscitent un réel engouement. Folles machines en trois actes, rigoureuses mécaniques du rire, ses pièces mêlent farce et comédie, réalisme et caricature, sur fond de satire sociale, féroces tableaux de la bourgeoisie.
Feydeau, mène une vie fastueuse et noctambule, fréquente Le Boulevard, Chez Maxim’s, lieux célèbres de la Belle Époque, dont il s’inspire dans son œuvre. Amateur de peinture, il collectionne des œuvres impressionnistes et se lie d’amitié avec Sacha Guitry. L’artiste mène une vie instable, se livre à des frasques et de nombreux excès ; il perd d’importantes sommes d’argent aux jeux, consomme de la cocaïne et multiplie les amants. Son mariage avec Marianne Carolus-Duran, fille du célèbre peintre, qui lui donne quatre enfants, se solde par un échec. En 1909, suite à une violente dispute, Feydeau quitte le domicile conjugal pour s’installer à l’Hôtel Terminus, dans le quartier de la gare Saint-Lazare.
Marqué par cette séparation, Feydeau renouvelle son genre et se tourne vers des comédies de mœurs en un acte, qui moquent la médiocrité des existences bourgeoises et s’attachent plus particulièrement aux problèmes conjugaux. Les œuvres On Purge Bébé (1910) ou Mais n’te promène donc pas toute nue ! (1911) voient alors le jour.
Atteint de la Syphilis, l’écrivain est interné à la maison de santé de Rueil-Malmaison où il achèvera son existence, seul, et décèdera deux ans plus tard en 1921. Son œuvre, tombée dans l’oubli pendant l’entre deux guerre, est redécouverte dans les années 1950. Feydeau est reconnu aujourd’hui comme le maître incontesté du Vaudeville. Plusieurs critiques contemporains établissent également un lien de parenté entre le théâtre de Feydeau, ses folles mécaniques du rire et le théâtre de l’absurde d’Eugène Ionesco.
Jeanne Rolland
Bibiographie :
- Par la fenêtre, 1882
- Tailleur pour dames, 1886
- Monsieur Chasse, 1892
- Champignol malgré lui, 1892
- Le Système Ribadier, 1892
- Un fil à la patte, 1894
- Notre futur, 1894
- Le Ruban, 1894
- L’Hôtel du libre échange, 1894
- Le Dindon, 1896
- Les Pavés de l’ours, 1896
- Séance de nuit, 1897
- Dormez, je le veux, 1897
- La Dame de chez Maxim, 1899
- Le Bourgeon, 1906
- La Main passe, 1907
- La Puce à l’oreille, 1907
- Occupe-toi d’Amélie, 1908
- Feu la mère de Madame, 1910
- On purge bébé, 1910
- Mais n’te promène donc pas toute nue !, 1912
Citations :
- « Aucun homme, jamais, ne fut plus favorisé que lui par le Destin. Il avait, dans son jeu, tous les atouts : la beauté, la distinction, le charme, le goût, le talent, la fortune et l’esprit. Puis, le Destin voulant parachever son œuvre, il eut ce pouvoir prodigieux de faire rire… D’autres, me direz-vous, l’avaient eu avant lui et d’autres l’ont encore, ce pouvoir. Eh bien, non ! Ce que d’autres ont eu, ce que d’autres ont encore, c’est le don de faire rire, c’en est la possibilité, mais lui, Georges Feydeau, ce qu’il avait en outre, et sans partage, c’était le pouvoir de faire rire infailliblement, mathématiquement, à tel instant choisi par lui et pendant un nombre défini de secondes » (Sacha Guitry)
- « Faites sauter le boîtier d’une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs. c’est une pièce de Feydeau qu’on observe de la coulisse. Remettez le boîtier et retournez la montre : c’est une pièce de Feydeau vue de la salle – les heures passent, naturelles, rapides, exquises.» (Sacha Guitry)
- « N’est-elle pas plus morale, l’union libre de deux amants qui s’aiment, que l’union légitime de deux êtres sans amour ? » (Georges Feydeau, La Dame de chez Maxim)
- « Le mariage, c’est l’art pour deux personnes de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu chacune de leur côté. » (Georges Feydeau)
- « Quel dommage qu’on ne puisse pas avoir un amant sans tromper son mari. » (Georges Feydeau)
- « Si les maris permettaient un ou deux amants à leurs femmes pour qu’elles puissent comparer, il y auraient beaucoup plus de femmes fidèles. » (Georges Feydeau)
- « On n’achète pas les tableaux parce qu’on les aime ; on les aime parce qu’on les achète. » (Georges Feydeau)
- « Si cela entre par une oreille et que cela sort aussitôt par l’autre, c’est parce que, entre les deux, il n’y a rien pour le retenir. » (Georges Feydeau)
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