Olivia Dutron et Philippe Roullier – interview
Ils ne se sont pas rencontrés par le biais du théâtre. Pourtant l’un et l’autre foulent les planches depuis leur sortie de cours -Périmony puis E.N.S.A.T.T. (école de la rue Blanche) pour Olivia ; Conservatoire de Grenoble dont il est originaire puis Institut National Supérieur des Arts du Spectacle de Bruxelles pour Philippe. Cependant, Olivia a débuté immédiatement au théâtre privé quand Philippe a travaillé treize ans dans le subventionné avant de bifurquer vers le privé. Si tous deux se retrouvent parfois sur des tournages ou des doublages, c’est la première fois qu’ils jouent ensemble au théâtre.
Qu’est-ce qui vous a poussés à devenir comédiens ?
O. Je baigne dans ce milieu depuis mon plus jeune âge, ma mère étant la comédienne Rolande Ségur et mon beau-père Darry Cowl. Pourtant, ils se sont farouchement opposés à mon choix. J’ai donc dû m’assumer seule très vite… une fois mon bac en poche.
P. Rien ne me prédestinait à ce métier, mais ce fut très vite une évidence. J’ai même commencé par le théâtre amateur en faisant mes études.
Comment êtes-vous devenu ce Couple en danger ?
P. Nous cherchions à jouer ensemble et Eric Assous cherchait un vrai couple pour jouer sa pièce. Je le connaissais pour avoir joué dans une de ses pièces « Vie commune ». Il nous a donné se pièce à lire… elle était pour nous !
O. Eric sait à merveille décortiquer la nature humaine, ses travers, sa perversité notamment dans les moments où l’on veut faire mal à l’autre et dans ceux où l’on tente de se rattraper. Cette pièce est une merveille à jouer.
L’histoire de Karine et Didier, qui se déchirent dans la pièce, vous parle-t-elle personnellement ?
O. Ici, le poids du silence est terrible et, dans la pièce, on sent bien que Karine ressentait des manques depuis longtemps. Elle les exprime de manière très brutale après qu’un film a servi de détonateur. Nous, nous sommes ensemble depuis douze et chose étrange, on se s’engueule jamais ! Pourtant, je me retrouve un peu dans Karine… comme dans Didier. Je découvre même dans Didier des facettes de Philippe que je ne connaissais pas.
P. C’est vrai, il me semble que je pourrais être comme Didier. C’est assez troublant, mais amusant.
Qu’implique le fait d’être vous-mêmes en couple ?
O. Je joue avec l’homme que j’aime et nous n’avons pas les problèmes de nos personnages. Devant jouer des choses que je ne ressens pas dans la vie, je dois souvent aller à l’encontre de ce que je suis. Par exemple, ne pas insuffler un peu d’amour et de tendresse. Il me faut donc du recul. C’est amusant.
P. Jouer, avec la femme qu’on aime, une histoire de couple qui se déchire est une aventure particulière. Bien sûr, je pars avec tout mon vécu mais je ne me pose pas cette question. Par exemple, quand on répète, Olivia n’est plus ma femme, c’est ma partenaire de jeu, sinon je décrocherais… mais j’avoue, c’est parfois un peu difficile de faire la part des choses. Mais, sous la direction, très juste, de Stéphane Boutet, tout se passe bien.
Pourquoi faut-il aller voir Couple en danger ?
O. Parce que cette histoire parle à tout le monde. Chacun peut se retrouver dans ses personnages et pas seulement les femmes en Karine et les hommes en Didier. Au contraire, on peut s’identifier autant à elle qu’à lui. Aussi le public a-t-il vraiment envie de savoir si et comment ces deux-là vont s’en sortir.
P. Et puis c’est une comédie certes, et on rit beaucoup, mais elle génère aussi beaucoup d’émotion !
Propos recueillis par Caroline Fabre
[Visuel : Olivia Dutron et Philippe Roullier © Sarah-Laure Estragnat]
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