Old Times : Adèle Haenel et Marianne Denicourt chez Pinter
Old Times De Harold Pinter Mise en scène de Benoît Giros Avec Marianne Denicourt, Adèle Haenel et Emmanuel Sallinger Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h Tarifs : de 10 à 37 euros Réservation en ligne ou au 01 44 06 49 24 Durée : 1h20 Théâtre de l’Atelier |
La pièce de Pinter, créée dans les années 1970 avec Delphine Seyrig et Jean Rochefort, est reprise aujourd’hui avec Marianne Denicourt, Adèle Haenel et Emmanuel Sallinger. L’histoire d’un couple de quadragénaires habités par la présence d’une femme qui réapparaît sans que l’on comprenne pourquoi. Sur les traces de Pirandello : « à chacun sa vérité ».
Mystères Kate (Marianne Denicourt) semble avoir vécu sa jeunesse en complicité de sa meilleure amie Anna dont elle partageait à peu près tout, y compris les sous-vêtements. Qu’est devenue Anna ? Kate et son mari Deeley (Emmanuel Sallinger) l’ont invitée pour renouer. Anna, qui est interprétée par Adèle Haenel, provoque chez Kate comme chez Deeley une multitude de souvenirs que chacun réinterprète à sa manière. Et la pièce de Pinter, qui faisait fureur à l’époque, ne cesse de brouiller les pistes, de falsifier la compréhension qu’on peut avoir de l’histoire. Dans ce triangle que forme les trois personnages, Anna constitue la pièce maîtresse, le miroir des fantasmes de Deeley et de Kate. Deeley semble l’avoir désirée, peut être a -t-il eu une relation avec elle ? Qu’en est-il de Kate ? Et quelles étaient ses relations avec Anna ? Trois belles présences d’acteurs Ce trio intimiste, où les silences comptent autant que les mots prononcés, est interprété par trois bons comédiens qu’on a surtout admirés au cinéma. Adèle Haenel, César 2015 pour « Les Combattants » et qui est magnifique actuellement dans « Les Ogres » de Léa Fehner, incarne avec une belle présence et une folle énergie Anna. C’est d’autant plus troublant que son jeu, expressif et volontaire, d’une sensualité animale, adolescente, contraste totalement avec celui, beaucoup plus éthéré, cérébral, de Marianne Denicourt qu’on peut admirer actuellement dans « Médecin de campagne ». Du coup, entre Marianne la discrète, l’énigmatique, et l’explosive Adèle, la relation en devient assez comique, ce qui n’était peut être pas le premier objectif de Pinter. Une pièce étrange Emmanuel Sallinger, quant à lui, adopte un jeu classique et premier degré dans une mise en scène qui manque de parti pris. Le metteur en scène s’est-il senti piégé par la pièce, dont les dialogues successifs fonctionnent par inversion du temps, avec des personnages qui paraissent échanger en permanence leurs rôles ? Dans un décor très élégant d’Alexandre de Dardel et des lumières raffinées de Bertrand Couderc, Marianne Denicourt demeure somptueusement belle et énigmatique tandis qu’Adèle Haenel séduit par son étonnante vitalité. Rien que pour elle deux, le spectacle vaut le détour. Hélène Kuttner [ Crédit Photos : © Pascal Victor] |
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