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Olafur Eliasson transfigure le Palais Garnier

7 février 2017
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Tree of Codes

De Wayne McGregor et Olafur Eliasson

Avec Marie-Agnès Gillot, Lydie Vareilhes, Lucie Fenwick, Jérémie Bélingard, Sébastien Bertaud, Julien Meyzindi (Opéra de Paris) et Catarina Carvalho, Travis Clausen-Knight, Alvaro Dule, Louis McMiller, Daniela Neugebauer, James Pett, Fukiko Takase, Po-Lin Tung, Jessica Wright (Random Dance Company)

Du 6 au 23 février 2017

Tarifs : 23€ – 110€

Réservation par tél. au 08 92 89 90 90

Durée : 80 min

Opéra Garnier
place de l’Opéra
75009 Paris
M° Opéra

www.operadeparis.fr

 

Du 6 au 23 février 2017

« Tree of Codes » est un spectacle de danse, un ballet endiablé signé Wayne McGregor. Et pourtant! La véritable star est le célèbre plasticien danois qui emporte tout par un bouquet final où les dorures de la salle Garnier font partie du spectacle. Et on termine sur le sentiment d’avoir vécu un moment exceptionnel.

Outre son engagement écologiste et son travail sur les éléments et la lumière, Eliasson a prouvé mainte fois être un véritable shaman des miroirs et reflets lumineux.

Dans « Tree of Codes », il en donne la preuve par trois fois. D’abord, quand dans le noir total les danseurs passent une main ou un bras dans une sorte d’entonnoir réfléchissant. Démultipliées comme dans un kaléidoscope, leurs extrémités prennent des allures monstrueuses et autrement fantasmagoriques.

Joel Chester Fildes-Tree-of-Codes--Joel-Chester-Fildes--3--1600Ensuite, quand duos ou petits groupes sont mis en abyme par un système de miroirs étonnant, où différents effets s’appliquent à une seule image, où le reflet se teinte, alors que les costumes sont de couleur chair, où se crée un monde merveilleux mélangeant le réel et l’irréel.

Au bouquet final, les dorures de la salle du XIXe siècle reçoivent les illuminations orange ou violettes depuis le plateau, où deux ronds géants tournent dans une grille séparant scène et salle. Design, couleurs et show lumineux semblent avoir été pensés dès le départ pour cet écrin parisien qui s’anime et se reflète sur le plateau. De quoi rendre jaloux Lido et Moulin Rouge réunis.

Eliasson brille. Et la danse?

TreeOfCodes carousel JoelChesterFildes production 4« Tree of Codes » réunit six danseurs du Ballet de l’Opéra et neuf de Random Dance, la compagnie de McGregor. Les plus beaux solos et duos appartiennent à Jérémie Bélingard et Marie-Agnès Gillot, laquelle ajoute à l’extrême puissance corporelle du style McGregor une élégance stupéfiante, grâce à une fluidité hors pair.

Les danseurs de McGregor apportent non seulement une détermination absolue à se jeter dans leurs extrêmes développés, simultanément horizontaux et verticaux. Ils font bien plus pour apporter leur touche: Random Dance amène sur ce plateau des coiffures colorées et des couleurs de peau qu’on n’y voit guère, inimaginable au sein de la troupe parisienne. Par contre, si leur speed-dance sait impressionner, elle est aussi diablement répétitive.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=KpkdD6FOaxY[/embedyt]

« Tree of Codes » a été créé en 2015 à Manchester et arrive maintenant à l’Opéra Garnier, visiblement la salle qu’il fallait à ses effets visuels. Mais ce ballet contemporain ne serait pas complet sans la musique d’une autre star de la scène internationale. La bande son est signée Jamie xx. Et là, tout est affaire de goût personnel. De goûts, même. Car il y en a pour tous les goûts, de la pop à la techno etc. etc., sans cohérence ni ambition de construire un parcours.

Jamie xx, brainstorming musical

Pour composer les titres de la bande son, Jamie xx s’est laissé porter par les univers et les personnalités de McGregor et Eliasson. C’est sa première collaboration à un spectacle chorégraphique et il a laissé libre cours aux inspirations reçues.

Le résultat est un brainstorming où l’on à l’impression de partir pour une balade sur les ondes. Mais c’est vrai aussi pour les tableaux visuels et la danse qui puise à plusieurs sources, y inclus l’athlétisme, le ballet classique et Balanchine.

Little Shao   Opera national de Paris-DSC 2187 Pre Generale Little Shao-1600On ne peut cependant reprocher au spectacle « Tree of Codes » sa dramaturgie errante. L’approche fragmentaire participe du code-source de la pièce qui est inspirée du livre éponyme de l’écrivain américain Jonathan Safran Foer. Cet objet fait de papier, de mots et de découpage dans le papier même n’est pas tant un ouvrage littéraire constituant un récit qu’une œuvre plastique et conceptuelle qui prend la forme physique d’un livre.

La démarche de Foer rebondit sur l’écriture de l’écrivain surréaliste polonais Bruno Schulz, créateur d’un univers expressionniste qui a déjà inspiré Joseph Nadj et d’autres chorégraphes. « Tree of Codes » est avant tout une démonstration de puissance visuelle et cinétique, une revue post-industrielle où se croisent pop et baroque, arts chorégraphique et visuels, danseurs de ballet et contemporains.

Thomas Hahn

[Crédits Photo 1-3 : © Joel Chester Fildes/ Photo 4 : © Little Shao]

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