Oceana, Adagietto et Rhapsody – Opéra de Nice
Créé pour le Ballet Nice Méditerranée en octobre 2011, Oceana se développe autour d’une phrase chorégraphique récurrente, concept porté depuis toujours par la chorégraphe américaine. Les danseurs interprètent un pas de deux qui va se répéter tout au long du ballet mais dans des configurations scéniques différentes. En effet, les couples entrent et sortent, se font et se défont sur le plateau, créant ainsi une dynamique inexorable comme celle de la marée.
La vidéo projetée sur le fond de scène qui débute par une vision de la mer en mouvement, renforce cette sensation. Toutefois, les couleurs de l’eau sur la vidéo change : des nuances de bleu-vert, elles passent au gris. On pense au ciel et on voit flotter les tuniques de mousseline des danseuses au grès de leurs mouvements. L’air et l’eau se confondent. La musique d’Osvaldo Golijov mêle, aux sonorités électroniques, des influences africaines ou brésiliennes ce qui renforce la perte de repères géographiques. Les danseurs se sont, dans l’ensemble, bien appropriés le style de Lucinda Childs et leurs mouvements renvoient de manière homogène l’impression de fluidité propre à l’eau et à l’air. Porté par une interprétation juste, Oceana est pour moi une sorte d’ode païenne à la nature et aux éléments symboles de la vie.
Adagietto est un pas de deux très intime interprété ce soir par Maeva Cotton et Alessio Passaquindici. Portés acrobatiques, étreintes fusionnelles, le chorégraphe déploie une palette de mouvement néo-classique au ralenti. Avec une extrême précision dans le geste, le couple nous entraine dans une bien jolie histoire sur la musique de Gustav Malher.
La soirée s’achève avec Rhapsody, ballet pour dix danseurs. Le propos de l’auteur est de montrer l’énergie que peuvent dégager les membres d’un groupe en réaction à une impulsion donnée par l’un d’entre eux. Dans des costumes chatoyants qui nous plongent dans une soirée de la jet-set, les danseurs nous offrent une tranche de vie en société. Attirance et rejet, calme et tumulte, le groupe est une société qui accueille et jette, qui se compose et se décompose. Sur scène, on court, on saute, on interagit mais malgré le talent de la compagnie, le ballet a du mal à être autre chose qu’un exercice de style réussi.
Cette soirée est l’occasion de revoir Oceana et de découvrir deux ballets d’Oscar Araiz, chorégraphe peu connu en France. La compagnie montre avec talent sa capacité à interpréter des genres différents. On aimerait maintenant la voir se confronter à un classique du répertoire.
Stéphanie Nègre
Prochains rendez-vous du ballet de Nice-Méditerranée :
- Le 5 juin au nouveau théâtre d’Antibes Anthea, Raymonda (extrait) et Coppélia (extrait) sur les chorégraphies d’Eric Vu-An et Rhapsody d’Oscar Araiz.
- Les 4 et 5 juillet au Théâtre de verdure de Nice, Rhapsody et Adagietto d’ Oscar Araiz, Three préludes de Ben Stevenson et Sylvia (divertissement) d’Eric Vu-An.
[Visuel : Marie-Astrid Casinelli et Guido Sarno dans Oceana – Photo D Jaussein]
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