Nos Femmes – Théâtre de Paris
Comme pragmatiquement dans toutes les pièces d’Eric Assous, ce qui arrive ici pourrait nous arriver. Oui après tout, quelle serait notre réaction si notre meilleur(e) ami(e) venait nous avouer un meurtre et nous demander un alibi ?
C’est ce qui arrive à Simon, attendu par Paul et Max, pour une énième partie de cartes entre amis de plus de trente ans. Il leur annonce tout de go qu’il vient de tuer sa femme (grands éclats de rire de ses amis !) et leur demande de mentir sur l’heure de son arrivée chez Max (place à la stupeur !). Que vont-ils décider ? Que va-t-il advenir de Simon ? Tels sont les enjeux de cette comédie bien troussée.
L’écriture, brillante, distribue de savoureuses réparties pour nous parler du couple -sujet de prédilection de l’auteur- avec, cette fois me semble-t-il une lueur d’espoir… même si elle est par trop de l’ordre du raisonnable. Bien qu’elle ait un peu de mal à démarrer, la pièce s’emballe très vite vers des sommets, laissant place aux hommes, à l’amitié et à son prix bien sûr, mais également au rôle de l’homme dans notre société et… aux femmes de leur vie et de celles des autres, omniprésentes même malgré leur absence sur scène. Leurs échanges, tour à tour drôlissimes et touchants, et la mauvaise foi ambiante font de cette pièce un régal de misogynie bien orchestrée, mâtiné de réflexions plus profondes et parfaitement analysées sur la vie.
Les personnages, dont la psychologie est parfaitement bien définie, ont des interprètes de rêve : Richard Berry, tout en impatience et nervosité, maniaque au possible, rationnel et n’aimant rien tant que provoquer l ‘affrontement ; Daniel Auteuil, son parfait contraire, calme (quoi que…), conciliant, adepte de la neutralité en toutes occasions, cherchant des excuses à tout le monde et à fédérer à tout prix ; Didier Flamand, présent dans deux scènes seulement, nous montre deux facettes d’un même personnages diamétralement opposées. Tous se donnent à fond et chacun d’entre vous gardera sans aucun doute en mémoire deux scènes d’anthologie, sûrement écrites sur mesure, la grosse colère d’Auteuil et le rap de Berry, toutes deux vivement applaudies par un public chaud comme la braise. La complicité qui semble lier ces deux grands comédiens, le partage équilibré induit à la fois par le texte et la mise en scène (Richard Berry) et leur plaisir évident à jouer galvanisent le nôtre.
Le succès a été immédiatement au rendez-vous dès les premières représentations, aussi aurez-vous à prévoir cette sortie à l’avance.
Caroline Fabre
Nos Femmes
D’Eric Assous
Mise en scène de Richard Berry
Avec Daniel Auteuil, Richard Berry et Didier Flamand
À partir du 24 septembre 2013
Du mardi au vendredi à 20h30
Le samedi à 17h15 et à 20h30
Le dimanche à 15h30
Tarifs : de 25 € à 70 €
Réservation en ligne
Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
M° Trinité-d’Estienne d’Orves
[Photo : © Cécile Nieszawer]
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