Nina – Théâtre Edouard VII
Le trio classique : la femme, son mari, son amant. Alors que l’amant se morfond dans une luxure bien cafardeuse avec un agenda inondé de rendez-vous galants, débarque le mari armé d’une grippe carabinée et d’un révolver et bien décidé à lui faire la peau. Devant l’aval de la future victime, l’assassin en devenir se prend d’affection pour ce briseur de ménages. Arrive l’épouse, Nina, belle femme au caractère bien trempé, qui va tenter de régler cette situation délicate.
Modèle du triangle amoureux, le texte d’André Roussin, malgré ses plus de soixante ans d’âge, se porte comme s’il sortait aujourd’hui de l’imagination d’un auteur inspiré. La dynamique du dialogue à laquelle s’agrège la drôlerie des situations constitue du pain béni pour des comédiens. Avec ces personnages, assez effarants d’infamie et de petitesse (ce qui accentue les ressorts comiques), Roussin brode un canevas de rebondissements, apanage du meilleur boulevard, mais sans vraiment prendre parti. Au fond, les laissant se dépêtrer dans leur mesquinerie, il se contente de les observer et, moins misogyne qu’un Guitry, auquel on pense forcément, il n’offre le beau rôle à personne.
Bernard Murat a su en revanche offrir à trois comédiens une partition assurée sans anicroche. En contrepoint d’une mise en scène archi classique avec un décor presque kitch, il dirige ses artistes avec beaucoup de finesse. Face aux deux François, Berléand parfait en cocu grippé et pusillanime et Vincentelli impérial de goujaterie, Mathilde Seigner surprend. Son phrasé résolument ancré dans son époque suffit à lui seul à franchir les décennies et conférer à l’ensemble de la pièce la modernité nécessaire. Dans le rôle-titre de femme dont la seule faiblesse est sa force, magnifiquement coiffée et habillée, elle régale à la fois de sa plastique largement mise en valeur et de cette faconde qui, décidément, n’est jamais mieux utilisée que lorsqu’elle joue… Un vrai divertissement noblement mené.
Franck Bortelle
Nina
D’André Roussin
Mise en scène de Bernard Murat asssité de Léa Moussy
Avec Mathilde Seigner, François Berléand et François Vincentelli, Michaël Rozen et Valentin de Carbonnières
Décor : Nicolas Sire // Musique : Benjamin Murat
Costumes : Carine Sarfati // Lumières : Laurent Castaings
Du mardi au samedi à 21h
Le samedi à 17h (sauf les samedis de décembre et le 4 janvier à 16h30)
Le dimanche à 15h30
Tarifs : 1ère cat. : 54€ // 2ème cat. : 48€ // 3ème cat. : 40€ // 4ème cat. : 29 € // 5ème cat. : 20€
Étudiants : 27€ // Jeunes, moins de 26 ans : 10€ (du mardi au jeudi dans la limite des places disponibles)
Réservation en ligne ou par téléphone au 01 47 42 59 92 // (+ 2,50 € de frais de réservation par place)
Durée : 1h30
Théâtre Edouard VII
10, place Edouard VII
75009 Paris
M° Madeleine ou Opéra
[Photo : Emmanuel Murat]
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...