Nina c’est autre chose de Michel Vinaver au Théâtre National de la Colline
L’histoire concerne deux frères, vivant sous le même toit. Ils viennent de perdre leur mère qui prenait une place importante dans leur vie à en juger le vide que l’on ressent au début de la pièce. Charles, coiffeur d’une quarantaine d’années, convainc comme il le peut Sébastien, son frère du même age environ, d’accueillir Nina, la femme dont il est épris. L’arrivée de cette femme va bouleverser le quotidien du duo masculin. Une remise en cause de leur mode de vie, de leur mode de communication, de leur manière de voir l’autre. Car Nina est une femme particulière, une de ces femmes insaisissables et pourtant si proches et si sensibles de ce qui les entoure. Elle bouge les meubles, bouge les habitudes et bouscule les sensibilités.
L’espace scénique illustre l’intérieur de ces deux frères. Un intérieur bien simple, constitué d’une table, de quelques chaises et d’un fauteuil sur lequel Sébastien aime se reposer le soir en rentrant de son atelier de fabrication de pièces mécaniques. Un intérieur volontairement vide afin de montrer concrètement le manque laissé par le décès de leur mère. La porte d’entrée est, quant à elle, imposante, visible, importante. Comme pour appuyer la notion d’intérieur, d’intimité, et d’irruption. Les notions de départ et d’arrivée sont importantes dans la pièce, la porte d’entrée se devait d’exister pleinement.
Le texte est, au début de la pièce difficile à suivre si l’on est pas habitué au style de l’auteur. En effet, les protagonistes se parlent sans jamais vraiment s’écouter préférant parler de leur quotidien plutôt que de s’accorder quelques minutes d’écoute attentive. Pas un chahut mais deux discours qui se croisent et dont on suit, au départ, péniblement le fil. Puis l’arrivée de Nina éclaircit les dialogues. Le sens des échanges est alors assez puissant, les non dits sont plus que ressentis. Nina est vivante, insolente, surprenante et le ton de sa voix, toujours enjoué remplit l’espace et emporte le jeu des deux autres comédiens. Peu à peu les caractères s’inversent, Charles qui extériorisait garde pour lui ses états d’âme et inversement. Le jeu des comédiens est réaliste et le texte est parlé. Certaines répliques prennent un écho particulier lorsqu’elles ne trouvent pas de réponse et le texte prend alors une dimension supérieure. L’interprétation est si juste qu’elle paraît facile. L’évolution des personnages est claire et accessible. À noter la performance de Luc-Antoine Diquero, qui avec un jeu sobre et sombre rend les dialogues denses et puissants.
Un moment de théâtre qui peut se vivre comme une initiation au Théâtre de Vinaver ou comme un joli moment artistique dans lequel on se tait et on scrute la vie.
Mathieu Métral
Mise en scène Guillaume Lévêque Avec: Léna Breban, Luc antoine Diquéro et Regis Royer
Du 28 Mai au 27 Juin 2009
Reservation: 01 44 62 52 52
Tarifs: 13 euros 19 euros 27 euros
Durée: 1h30
Théâtre National de la Colline
15 rue Malte-brun
75020 Paris
Métro: Gambetta
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