N’écoutez pas Mesdames, à voir et à entendre
© Céline Nieszawer
La pièce de Sacha Guitry créée en 1942 est mise en scène par Nicolas Briançon, qui une fois de plus nous régale de cet esprit brillant. Avec un sens du rythme et des bons mots auxquels il sait rendre leur saveur, il a réuni une troupe énergique autour de Michel Sardou qui réjouit le public.
La pièce s’ouvre sur un monologue du personnage central, l’antiquaire Daniel Bacheley qu’incarne Michel Sardou. Avec ce morceau d’entrée dans lequel il dessine les contours de la situation, l’acteur immédiatement attrape son public d’une diction posée où ses fans retrouveront le timbre chaud de la voix et le souffle impressionnant qui permet de dérouler ce long préambule avec maîtrise et séduction. Ainsi, il invite les spectateurs à un divertissement qui commence fort bien et dont le pari d’amuser est relevé jusqu’au bout. Comme on s’y attend avec cet auteur qui ne se lasse pas des femmes au point d’en changer régulièrement quoi qu’elles lui fassent subir, il est question d’infidélités, de mensonges, de mariages et de divorces, avec une suite de quiproquos et de malentendus.

© Céline Nieszawer
L’épouse qui a eu le culot de ne pas rentrer au domicile conjugal deux nuits, a mis le feu aux poudres. Le mari, Michel Sardou, est plus âgé qu’elle et il est rôdé aux frasques des femmes. Et comme si son métier d’antiquaire imprégnait son tempérament, il pèse avec patience les avantages et les inconvénients, il observe froidement l’objet qui lui est cher et l’évalue avec un œil de connaisseur. Sans agressivité, il est prêt à accepter de céder son épouse à un autre, mais au fond, il lui est également si tendrement attaché qu’il est tout autant disposé à racheter sa conduite.
Michel Sardou a la placidité, l’assurance et l’humour qu’il faut pour être ce mari que même son ex-épouse cherche à reconquérir. Celle-ci, interprétée par Nicole Croisille, fait surgir sur scène un formidable dynamisme enjoué et elle réussit pleinement son numéro de charme. Toute la galerie de personnages est épatante, y compris les rôles secondaires, et l’on rit franchement quand l’irrésistible Eric Laugerias se met à raconter sa vie avec un accent dont il a le secret. Dans cette comédie bien huilée, le metteur en scène recourt à un ascenseur sur le plateau et accentue ainsi le plaisir des entrées et sorties en tous sens. L’une part, l’autre arrive, l’un descend, l’autre remonte. On ne sait plus à qui appartient la malle qui trône au milieu de la pièce, malle qui donne lieu à un comique dans le style propre de Guitry. Les répliques ont du sel et cette comédie qui connut bien des succès est parée dans cette interprétation de ses meilleurs attraits qui donneront aux amatrices et amateurs de Sacha Guitry ou de Michel Sardou toutes les raisons d’aller l’écouter.
Emilie Darlier-Bournat
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