Nature morte dans un fossé : polar théâtral !
Retraçant l’histoire d’un meurtre, la pièce de Fausto Paravidino, mise en scène par Wally Bajeux au Théâtre du Gymnase-Marie Bell, aborde les problèmes liés à la violence et à la perte d’identité.
Nous sommes en Italie du Nord, la nuit, un accident de voiture après une sortie de boîte permet de découvrir un cadavre dans un fossé. Celui d’une jeune fille assassinée. Commence une enquête policière avec, en arrière-plan, l’intervention de la télé et du préfet qui s’en mêle. Dès le départ, le rythme est rapide et saccadé, il le restera jusqu’à la résolution du crime. Inspecteur madré, assistant violent et peu subtil, indic trafiquant de drogue, petit copain peu scrupuleux, prostituée sans papiers et parents surprenants, les personnages interviennent tour à tour pour donner leur vision des choses et faire progresser la recherche de la vérité. Les scènes sont crues et donnent aux spectateurs le sentiment d’assister à un thriller.
À 43 ans, le Gênois Fausto Paravidino est homme de théâtre, comédien, traducteur, cinéaste (Texas, son premier film en tant que réalisateur, a été présenté à la Mostra de Venise en 2005), auteur d’une douzaine de pièces dont Deux frères. Écrite en 2002, Nature morte dans un fossé est l’œuvre d’un militant en colère, dénonçant les dérives de nos sociétés modernes individualistes, marquées par l’appât du gain et le manque d’éthique. Dépourvu de fioritures, son style direct et froid aligne sans compromission les accusations. En outre, la mort violente d’une femme résonne cruellement à un moment où l’on essaie de lutter contre le fléau insupportable et persistant des féminicides.

Wally Bajeux dans Nature morte dans un fossé © Philippe Escalier
Wally Bajeux n’a pu qu’être interpelée par l’actualité des thèmes soulevés par la pièce et la nécessité de rester, selon ses termes, “vigilants et réactifs face à ceux qui transgressent les valeurs humanitaires”. Tout en endossant le rôle de la mère, avec René Carton, Julien Girault, Morgan Rouchy, Titouan Laporte, Isabelle Kern et Thomas Carbonnel qui l’accompagnent sur scène avec un jeu d’une grande sincérité, elle restitue un univers qui est tout sauf paisible par une scénographie faisant corps avec la fébrilité de l’œuvre et allant toujours à l’essentiel. En servant parfaitement l’auteur et en mariant efficacement l’émotion et la réflexion.
Philippe Escalier
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