ETHICA – Natura e origine della mente, la lumière oscillante de Romeo Castellucci
ETHICA – Natura e origine della mente Conception et direction de Romeo Castellucci Texte de Claudia Castellucci Avec Sylvia Costa dans le rôle de La lumière, Louise Arcangioli, Clémence Boucon, Moïra Dalant, Flora Gaudin, Olivia Lioret et Garance Silve Jusqu’au 13 mars 2016 Lundi et mercredi à 20h30, mardi à 19h30, vendredi et samedi à 18h30 et 20h30, dimanche à 15h et 17h Tarifs : de 7 à 24 € Réservations en ligne Durée : environ 1h Théâtre de Gennevilliers T2G M° Gabriel Péri |
Jusqu’au 13 mars 2016 Le metteur en scène Romeo Castellucci propose ce qu’il nomme une action théâtrale inspirée de la deuxième partie de L’Éthique de Spinoza. Alors qu’il prévoit quatre autres actions, celle-ci est une performance dont le concept offre une lecture intelligible entre sérieux et cocasse. Les spectateurs demeurent debout, le regard attiré par une jeune femme suspendue au-dessus d’eux, retenue à un câble uniquement par l’index de sa main gauche, semble-t-il. Habillée d’une longue robe verte, elle restera ainsi durant toute l’action, incarnant le personnage de La lumière, tandis que dans le public circule un gros chien noir pataud et fort avenant. Certains le caressent, mais quand il tente de s’installer trop longuement entre deux spectateurs, un homme de service l’attrape gentiment par le collier pour qu’il poursuive sa promenade. De ce chien sort une voix qui incarne le personnage de La caméra. La troisième voix, L’esprit, est en off, mais incarnée par des êtres multiples dont les silhouettes n’apparaissent qu’en une forme détourée sur le mur de fond. Étant en italien, le texte signé Claudia Castellucci est surtitré. S’il n’a rien de celui de Spinoza, ni la méthode géométrique, ni la densité savante doublée de clarté, il en véhicule néanmoins une articulation de pensée traversée de poésie. À travers la présence statique de la jeune femme dans les airs puis les mouvements qui se déroulent d’une part dans le découpage mural, d’autre part avec la circulation du chien, ce sont l’apparition puis le retrait de l’esprit, le début du monde et sa fin, l’impermanence de la lumière et la montée obscure du vide sidéral qui sont interrogés. Lentement, la comédienne suspendue est tirée vers le haut tandis que par l’ouverture où s’agite L’esprit une masse ténébreuse se faufile puis enfle sur le sol jusqu’aux pieds du public. Les images d’origine cèdent la place à celles de la mort, mais le chien reste là jusqu’au bout, au plus près du public. “L’image créée dans l’esprit de l’artiste atteint enfin l’esprit du spectateur, lequel la reçoit, bien sûr, mais en la recevant lui donne forme. La performance a pour objectif de congeler cette pensée dans l’acte de recevoir l’image, non dans un but scientifique mais pour consacrer la fusion entre la réception du spectateur et la création de l’image d’origine”, indique Castellucci. Une première version de cette action avait été présentée en 2013 à Venise. Réaménagée pour la salle de Gennevilliers à laquelle Romeo Castellucci est particulièrement attaché, elle impose une troublante vision où se balancent la réalité tout autant que le pouvoir opérant de l’esprit. Étonnamment mais sans doute grâce à la présence tranquille du chien, la posture délicate de la comédienne ne suscite aucune crainte et se fond plutôt dans cette toile vivante que quelques amusements dus à l’animal agrémentent. Ce n’est pas l’illumination à la portée de tous dont parlait Deleuze à propos de Spinoza, mais une détente souriante de la pensée supérieure se produit, d’autant qu’il faut préciser que le chien miaule. Émilie Darlier [Photos © Luca Del Pia] |
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