Narcisse ou l’amant de lui-même – Avignon Off 2013
Voilà un bel hommage rendu au « penseur solitaire » et à sa jeunesse puisque Rousseau avait à peine vingt-deux ans lorsqu’il écrivit la pièce Narcisse ou l’amant de lui-même que Marivaux retoucha avec son expérience aiguisée de l’écriture théâtrale.
Cette pièce publiée dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle (1753) fut jouée pour la première fois chez les comédiens du Roi en pleine période hivernale. Et, c’est en plein mois de juillet en Avignon que nous redécouvrons ce chef-d’œuvre qui revisite Ovide tout en posant des questions sur l’identité et les amours à leurs prémices.
Jean Luc Revol livre sa perception d’une pièce qui donne selon ses mots « une cure de jouvence au mythe des métamorphoses d’Ovide en déjouant les codes du travestissement et en nous emportant dans la découverte et la crainte de soi. »
Valère coquet et vaniteux incarnant le Narcisse d’Ovide attendait un comédien qui sache vraiment s’incarner dans le personnage voulu par Rousseau.
Or il n’en est rien ! Son jeu calqué sur je ne sais quelle iconographie contemporaine de travesti vulgaire met le feu aux poudres et déçoit.
S’il est aussi vrai qu’Ovide nous le dit : « Les feux qu’il cherche à allumer, sont en même temps ceux qui le brûlent » on prendra alors cette citation comme un trait du destin qui s’acharne contre ce pauvre comédien jouant Valère dans son pitoyable jeux excessif et surfait où il passe le plus clair de son temps à vociférer.
On saluera toutefois la prestation remarquable de Louise Joly qui interprète Lisimon telle une duègne autoritaire aussi douce qu’inflexible .
Marie Julie de Coligny s’habille bien d’une joie naïve et Olivier Broda dans le rôle du valet Frontin est parfait malgré un Valère qui aurait pu lui faire perdre le brio de son rôle qu’il joue tambour battant contre vents et marées.
L’intrigue que propose Jean-Luc Revol eut été digne d’un Marivaux si le rôle titre avait été tenu de manière plus continente.
Yves-Alexandre Julien
Narcisse ou l’amant de lui-même
De Jean Jacques Rousseau
Mise en scène de Jean-Luc Revol
Avec Olivier Broda, Marie-Julie De Coligny, Cédric Joulie, Anne-Laure Pons, Valérie Thoumire, Richard Bartolini et Louise Jolly
Du 6 juillet 2013 au 28 juillet 2013 à 15h40
Théâtre du Balcon
38, rue Guillaume-Puy
84000 Avignon
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...