0 Shares 1447 Views

Moby Dick, le chant du monstre – Vingtième Théâtre

9 avril 2011
1447 Vues
bg_premier_090311

Créé à Avignon Off en juillet 2010, Moby Dick, le chant du monstre est le fruit des amours de Jonathan Kerr, Molière Inattendu 2005 pour Camille C. et de Erwan Draouphars, Molière 2007 de la révélation théâtrale pour Imagine-toi. Les fées se sont donc penchées sur ce monstrueux berceau qui craque, geint, chante et gémit.
Le spectateur est tout d’abord plongé dans une humide obscurité, comme dans les entrailles du monstre. Laurent Malot (Herman Melville et Ismaël le Marin) surgit alors et se souvient : de la folie du périple, de la poursuite de la bête, du capitaine Achab.
Le Capitaine Achab, le héros et le héraut : pris dans sa cuirasse charnelle, vibrant, vivant, il s’avance froid comme l’homme de fer du Magicien d’Oz et réclame son dû, sa bête, avant de s’engouffrer dans la mort. La Mort, interprétée par Amala Landre sous les traits d’une Andalouse ambivalente. Ambivalence : c’est le maître-mot de cette comédie musicale et horrifique, où le monstre est à la fois la baleine et le capitaine, où la mort revêt les atours d’une femme séduisante, qui est aussi le destin.

Les points forts de la pièce : la partition musicale puissante et maîtrisée, les protagonistes (Jonathan Kerr et Laurent Malot en tête) au talent musical certain, les marins musiciens qui mêlent la suggestivité aérienne et liquide de la harpe, au son populaire de l’accordéon, et à la profondeur de la contrebasse. Enfin, la force de lyrique d’un texte poétique à couper le souffle. On sent que Jonathan Kerr a patiemment retouché son texte pour en exprimer un lyrisme le plus puissant possible.

Les points faibles : le décor un peu trop minimaliste pour correspondre à cette la fable épique et au genre de la comédie musicale. Un jeu d’acteur parfois outré ou curieusement décalé, avec des indications de mise sen scène curieusement aléatoires où les comédiens semblent flotter par moment. Ainsi du jeu des miroirs, assez incompréhensible.

Pour conclure, Moby Dick, le chant du monstre est une belle œuvre musicale, qui gagnerait à plus de rigueur au niveau de la mise en scène. À voir cependant, pour les belles prestations des acteurs et des musiciens.

Mathilde de Beaune

{youtubejw}rxrl8iEgOLs{/youtubejw}

Moby Dick, le chant du monstre

De Jonathan Kerr
Mise en scène de Erwan Daouphars
Avec Jonathan Kerr, Amala Landré, Laurent Malot, Marianne Le Mentec ou Laurence Bancaud, Johanne Mataly, et Crystel Galli.

Du 9 mars au 24 avril 2011
Du mercredi au samedi à 19h30 et le dimanche à 15h00
Réservations au 01 43 66 01 13 ou à la FNAC

Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières – 75020 Paris
M° Ménilmontant ou Gambetta

www.vingtiemetheatre.com

Articles liés

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
Agenda
33 vues

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14

L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....

La Scala présente “Les Parallèles”
Agenda
43 vues

La Scala présente “Les Parallèles”

Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
114 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...