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Martin Zimmermann, le baladin du monde paradoxal

17 avril 2015
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Hallo

De et avec Martin  Zimmermann

Du 16 au 29 avril 2015

Durée : 1h05

Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses
75018 Paris

M° Abbesses
(ligne 12)

www.theatredelaville-paris.com

Du 16 au 29 avril 2015

Martin Zimmermann est ce désossé phénoménal autour duquel se construisent les fresques absurdes et circassiennes de Zimmermann De Perrot qui ont mis en délire le public du Théâtre de la Ville. Ce mime au corps d’un danseur de ballet revient avec un solo pour dire Hallo au Théâtre des Abbesses.

Alors que Hans was Heiri, présenté au Théâtre de la Ville en 2012 et repris en 2013, résonne encore dans toutes les têtes, Zimmermann signe ici son premier solo. Mais qu’est-ce à dire, un solo ? Ce que lie Hallo à ses tubes précédents est ce décor qui est un personnage à part entier, en mouvement permanent, allié du metteur en scène mais un redoutable adversaire pour le personnage.

Dans Hans was Heiri, la maison tournait tel un moulin. Le bonhomme déphasé qu’on rencontre dans Hallo se débat avec un appartement de style très contemporain qui ne cesse de se plier sur lui, qui tente de l’écraser. Mais l’énergumène en pantalon collant, sur lequel il glisse un short drôlement large, trouve toujours une parade. Tiens, si la maison se plie et couche par terre, on n’a qu’à s’en servir comme agrès de cirque.

Zimmermann montre que le mime burlesque a parfaitement sa place dans notre monde, justement puisqu’il joue un être éperdu qui ne trouve pas sa place, comme tant de nos contemporains. Et ça fait du bien de pouvoir rire de ce qui nous ronge. Tout le sens du clown est là. Du mime Marceau, de Jacques Tati ou de Buster Keaton, de Chaplin même, Zimmermann prend le meilleur, le galvanise et le place au cœur de l’actualité. Il sait tordre les traits de son visage comme les membres de son corps, passe d’un mauvais garçon à la Lucky Luke à un personnage de matelot ou d’un SDF et reste pourtant toujours le même.

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Ses effets d’illusion sont vieux comme le monde et marchent comme au premier jour. Pourquoi ? Sans doute parce que son personnage sonne si juste que nous oublions tout le reste et que nous sommes aussi surpris et effrayés que lui quand sa tête semble lui tomber dans le ventre, quand ses doigts semblent passer d’une main à l’autre, quand les os de son visage se mettent à claquer. Pourtant, il est assez cabotin pour s’amuser, avec nous, de ses propres trucages, de ses peurs et ses fantasmes qui sont aussi les nôtres.

martin zimmermann hallo 11 klOn en sort avec la “banane” alors qu’il nous parle, au fond, de quelques hantises plutôt traumatisantes. Son corps, son alter ego, son reflet sont brisés et se baladent sur le plateau. Ils plongent dans les trappes et lui disent “Hallo” comme pour se moquer de lui.

N’a-t-il pas, littéralement, “perdu la tête” par plusieurs reprises ? Zimmermann donne ici le meilleur de lui-même et de son univers, la forme du solo l’entraînant dans une sorte de condensé de son art, au-delà de tout ce qu’on pourrait appeler danse, mime, clown ou cirque.

Thomas Hahn

[Photos © Augustin Rebetez]

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