“Marcel” : Françoise Fabian et Oxmo Puccino entrent chez Marcel Proust
Françoise Fabian est l’une de nos plus grandes actrices, passionnée de lecture, de poésie et fine connaisseuse de l’œuvre de Marcel Proust. Oxmo Puccino, artiste multi-talents et amoureux des mots autant que des sons et des images, s’est aussi révélé à travers le questionnaire de Proust dans « D’après Marcel », (ed.Lattès) dans lequel il révèle sa complicité avec le romancier. Entre eux, le courant passe et une danseuse aérienne virevolte dans une scénographie lumineuse et magique. Un défi très réussi à l’occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust.
Le temps qui passe, le temps qui coule
Ils sont deux, elle, l’actrice éternelle, à la beauté altière, est simplement vêtue d’un costume de smoking noir, avec des baskets. Lui, le rappeur littéraire, l’humaniste créateur, est habillé de la même façon, les feuilles du célèbre roman à la main, pour nous en lire des passages saisissants. Dans la superbe création lumière de Jean-Pascal Pracht, dont les pans de voile blanc semblent obéir à une chorégraphie mouvante, les deux interprètes semblent au plus près du texte, d’eux et de nous, offrant au public ces extraits choisis par Adeline Defay avec une chaleureuse et généreuse simplicité. Elle, la littéraire, et lui le rappeur racontent finalement des émotions partagées : le ciel d’une plage normande, les mondanités aristocrates des Vedurin, la grivoiserie populaire des marchands de crustacés sur un marché parisien, l’attente fébrile d’un baiser.
Chacun son Proust
Jérémie Lippmann dirige les interprètes le plus finement possible, sans effets, sans grandiloquence, et c’est cette justesse, cette simplicité qui finissent par bouleverser les amoureux de Marcel Proust et convaincre les autres de se plonger, une fois seulement, dans les pages de cette littérature de l’intime. Marcel Proust raconte le monde de sa petite chambre, il décrit, il divague, il imagine, il fantasme. La danseuse Alexandra Poupin s’élance dans les airs sur une musique de Pablo Nanty, s’enroulant dans des rubans de voile et ployant son corps comme une sirène céleste. Les phrases de Proust se déroulent et s’enroulent, Françoise Fabian et Oxmo Puccino s’en saisissent, les déploient chacun à sa manière, pour que nous-mêmes nous nous en saisissions. Le temps qui passe, le souvenir d’une tasse de thé, la soif du baiser maternel, la perspective d’une soirée où épiera chaque détail, pour percer à jour les invités, autant de scènes brossées par la seule voix des deux narrateurs, comme offertes. Quand Françoise Fabian se met à chanter a capella « Dis quand reviendras-tu ? » de Barbara, on fond littéralement. Un spectacle surprenant et captivant d’émotion.
Hélène Kuttner
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