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MacBeth sévit au Théâtre de L’Opprimé…

6 avril 2009
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MacBeth est sorti de l’imagination de Shakespeare entre 1603 et 1607. Alors comédien dramaturge dans la troupe The Lord Chamberlain’s Men, dont le ministre des divertissements Royaux (Chamberlain) était le principal mécène. Après la mort d’Élisabeth Ière et le couronnement du roi Jacques Ier (1603), le nouveau monarque adopte la troupe qui porte désormais le nom de « Hommes du Roi » (King’s Men). La troupe finit par devenir résidente du théâtre du Globe. C’est à ce moment précis, alors que Shakespeare est proche du pouvoir, qu’il se met a écrire MacBeth. Cependant, les rivalités présentes dans l’oeuvre et l’ambition effrénée du personnage principal ne sont pas caractéristiques de ce qui se passait à la cour d’Angleterre. On peut juste supposer que l’ambiance royale n’a pu que nourrir le dramaturge à l’écriture de ce chef d’oeuvre absolu.

MacBeth est une pièce inspirée de la vie de MacBeth lui-même, alors roi d’Ecosse. On y trouve tout les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’une histoire de monarques: ambition, pouvoir, jalousie, paranoïa, violence, peché, etc… Mais là où Shakespeare s’est toujours démarqué de ses pairs et ce qui a toujours fait son génie, c’est l’irruption, un peu à la manière des romans fantastiques, du surnaturel. Les éléments non rationnels sont déclencheurs des comportements extrêmes des personnages. Dans MacBeth, le personnage principal et sa compagne sont hantés par des visions d’horreur qui  les poussent alors  vers la folie sanguinaire ou le suicide et intensifie l’intrigue. C’est une des pièces les plus noires du dramaturge anglais.

Malheureusement, la version de Serge Poncelet, metteur en scène de la pièce et interprète de MacBeth, s’apparente plus à un exercice de style qu’une véritable vision de la pièce. L’ambiance scénique est directement inspirée des rites et traditions asiatiques. Les chevaliers écossais sont représentés en Samouraïs se déplaçant furtivement et maniant leur sabre japonais avec une excellente dextérité. Lady MacBeth devient une gaïcha discrète, sournoise et tendre rompant alors avec la vision très maternelle d’une Lady MacBeth extrêmement forte. Ces choix stylistiques ralentissent l’immersion et atténuent le poids d’un environnement austère propre à l’Ecosse.

Ce MacBeth avait pour ambition d’être La tragédie du cauchemar. Or le jeu des comédiens n’est pas assez sombres. on peut se demander si la vision asiatique ne donne pas un ton trop clair au jeu des interprètes.
Serge Poncelet tient la pièce.  Mais les monologues de Lady MacBeth sont trop vite abordés, on ne perçoit pas sa chute vers la folie. On s’y trouve confronté à un moment de la pièce sans voir véritablement la progression si chère à l’auteur.
Ce MacBeth est un exercice audacieux, courageux, dans un Théâtre difficile. ( Les gens en retard marchent sur l’espace scénique pour aller s’asseoir, ce qui gène les acteurs et les spectateurs.)
Si vous n’avez jamais vu MacBeth, choisissez plutôt d’aller voir la prochaine adaptation. Celle-ci étant destinée à un public aguerri et cherchant un peu de neuf dans le répertoire de Shakespeare.

Mathieu Metral

THEÂTRE YUNQUÉ présente MACBETH

Tragédie de William SHAKESPEARE
Mise en scène de Serge PONCELET
Adaptation et traduction d’Eric PRIGENT

Représentations du 1er avril au 3 mai 2009
En soirée les mercredis‐jeudis‐vendredis‐samedis à 20h30,
en matinée les dimanches à 17h et le samedi 2 mai à 15h.
Réservation :01 43 40 44 44.

 

Théâtre de l’Opprimé
78  rue  du Charolais

75012 Paris

Métro : Reuilly Diderot (sortie rue de Chaligny)

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