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Love Letters – Lucernaire

3 juin 2011
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Thomas, docile, enthousiaste, parfois insupportable de droiture ; Alexa, survoltée et inconstante. Deux vies sans cesse ramenées au souvenir de l’autre, y puisant leur fil conducteur. Cet éternel retour au « royaume des fées », comme ils nomment eux-mêmes leur enfance, permet de mettre en valeur la puissance de la nostalgie retirée de ce moment où tout commence, où tout est permis, où l’on n’est pas encore coupable, et pas encore inaccompli.

La justesse avec laquelle les personnages sont dépeints contribue à susciter l’émotion la plus vive devant cette perle rare : loin d’être des destins communs, les existences d’Alexa et Thomas n’en sont pas moins teintées d’accents profonds de réalisme. Le déroulement de deux vies au moyen de ces missives croisées permet d’embrasser la vitesse et l’étroitesse d’un destin, l’étau qui se resserre avec l’âge et qui conditionne les choix. Le retour impossible à l’enfance et à ses possibilités, et le sentiment que le train, une fois en marche, ne peut que difficilement virer de trajectoire, engagent à prendre un recul impossible sur cette vie, qu’on dit unique. Love letters est un témoignage de ce train qui file, et accorde à deux amants une relation imparfaite, mais existante et pérenne, à travers ces échanges de plumes.

Le texte est une ode à l’écriture, au désir et à la peur d’écrire. Il l’érige en besoin vital, à travers le personnage de Thomas. Loin de considérer cela comme une activité isolée, ce dernier illustre avec poésie le lien entre l’écriture et le rapport à l’autre, la magnificence de la relation portée par la plume, la retenue et la perfection du dialogue qu’elle instaure. Cette magnifique fresque épistolaire dresse ici toute la beauté et l’intensité que peut revêtir un tel lien, lorsque des dizaines de lettres permettent toujours de revivre les sentiments passés, et entretenir les amours futurs.

Cette pièce est haletante comme un roman, émouvante comme une tragédie, et vivante grâce à l’excellence des acteurs qui la servent.

Sophie Thirion

Love Letters

De A-R Gurney
Adaptation française : Anne Tognetti et Claude Baignères
Mise en scène et interprétation : Isa Mercure et Gilles Guillot
Lumières : Serge Peyrat

Du 25 mai au 2 juillet 2011
Du mardi au samedi à 21h
Et du 8 au 31 juillet 2001 à 10h40 tous les jours au théâtre du Petit Louvre Festival off Avignon

Location : 01 47 44 57 34

Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs – 75006 Paris
M° ligne 12 (Notre-Dame-des-Champs), 4 (Vavin) et 6 (Raspail)

www.lucernaire.fr

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