Loïc Fontaine : peut-on rire de tout ?
Actuellement à La Divine Comédie, Loïc Fontaine nous propose une heure de rire et de détente, tous les samedis soirs. Humour noir et interactions avec le public sont au rendez-vous, un très bon moment à passer en perspective !
Quel a été votre parcours professionnel ?
Pour tout vous dire, j’ai fait un peu tout et n’importe quoi. J’ai d’abord monté une pizzeria lorsque j’étais jeune, mais j’ai décidé de reprendre mes études. J’ai fait un IUT et je suis devenu commercial. Ensuite, je suis allé vivre en Norvège et j’y ai fait des études de business hôtelier et je suis devenu manager d’un restaurant. J’ai ensuite déménagé à Alicante où j’ai fait un master en économie. Je suis ensuite rentré sur Paris où j’ai intégré le Celsa en pub. Enfin, je me suis lancé comme journaliste, avant d’être programmateur et rédacteur en chef de magazines et de talk shows télé. J’ai ensuite arrêté pour me lancer dans le stand-up.
Des inspirations de votre quotidien dans votre spectacle ?
Oui, forcément, après je ne fais pas vraiment de comique d’observation mais plus une analyse de ce que vivent les gens, sur leurs petites habitudes. Tout le monde croit qu’il est différent, et finalement on est tous pareils. On a les mêmes réflexes, la même peur de l’inconnu, les mêmes réactions débiles, les mêmes gestes et je trouve que c’est plus intéressant d’aborder cette dimension.
Quelle a été votre réaction face au commentaire sur Billet Réduc : “Un célibat qui ne va pas durer, ne cherche plus, moi je veux te faire un enfant” ?
Ah oui, je l’avais vu celui-là ! Eh bien oui, je me plains pendant tout le spectacle que je n’arrive pas à coucher avec des filles alors que je pensais qu’en étant artiste… des portes pourraient s’ouvrir à moi. Le problème, c’est que lorsque je demande s’il y a des célibataires dans la salle, personne ne répond jamais [rires]. Avec Élie Semoun, ça n’arriverait pas ça. Pourtant, je me trouve aussi à peu près aussi beau que lui !
Avez-vous des “modèles” d’humoristes qui vous inspirent ?
Je me rappelle être allé voir Gad Elmaleh quand j’avais 20 ans, et à l’époque il faisait beaucoup de comique d’observation comme “vous n’avez jamais remarqué que…”. En sortant, je me suis mis à écrire des blagues parce que je trouvais ça extraordinaire de pouvoir parler devant une audience comme ça.
Et honnêtement, c’était un fiasco… Mais quand les Américains sont arrivés dans le milieu du stand-up, ils allaient vers des sujets que je trouvais plus intéressants, et il y avait souvent un message. De la pédagogie. Ça a toujours été mon but. De faire réfléchir les gens, de les pousser à se questionner. C’était déjà le cas comme journaliste. Même si je pense que le rire est le meilleur vecteur pour ça.
Et par rapport à YouTube, sur lequel les vidéos d’humour sont très en vogue, où vous placez-vous ?
Au départ, c’est pas du tout ma culture, je viens plutôt de la télé. Je ne pense pas que ce soit mauvais du tout mais ce n’est pas pour moi. Après, de plus en plus, les contenus se développent, évoluent, et maintenant il y a des trucs vraiment bien. Même si ce n’est pas la même mécanique, de plus en plus d’humoristes de YouTube ou d’Instagram se lancent dans le stand-up, et ils sont très forts, comme Hakim Jemili par exemple que je croise souvent en plateau.
Pour vous, quelle est la différence entre l’humour noir et l’humour dit “gratuit” ?
Je pense que c’est une question de perception. En fait, la vraie sanction c’est le rire. Si les gens rient, c’est gagné. Et il n’y a rien de gratuit là-dedans. Une blague qui marche, elle se paie très cher, en temps, en tests, en échecs… Parfois, il peut y avoir des blagues qui semblent gratuites dans mon spectacle qui n’ont pas forcément d’intérêt au-delà de faire rire. Les gens qui viennent à mon spectacle ne me connaissent pas beaucoup, et ces blagues permettent aussi de détendre l’atmosphère. Après, si je remarque que la salle n’apprécie pas ou n’est pas réactive, c’est à moi de m’adapter pour que nous passions tous un bon moment et qu’il n’y ait pas de malaise.
Des projets pour 2020 ?
Je pense continuer le spectacle en 2020, mais en l’améliorant bien sûr. À chaque représentation je teste de nouvelles vannes ou j’ajoute des références à l’actualité du moment… pour l’approfondir. Je continue aussi tous les plateaux comme le Comedy Club, le Café Oscar, le Paname…
Et peut-on rire de tout ?
Oui. Si on rit. Du moment qu’il y a de la bienveillance et que l’on n’est pas le seul à rire. Mais si tout le monde rit ensemble, j’estime que c’est gagné !
Propos recueillis par Lise Dagan
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...