Les Nègres : un poème dramatique à la beauté fulgurante transfiguré par Bob Wilson
Les Nègres De Jean Genet Mise en scène de Robert Wilson Avec Armelle Abibou, Astrid Bayiha, Daphné Biiga Nwanak, Bass Dhem, Lamine Diarra, Nicole Dogué, William Edimo, Jean-Christophe Folly, Kayije Kagame, Gaël Kamilindi, Babacar M’Baye Fall, Logan Corea Richardson, Xavier Thiam, Charles Wattara Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h Tarifs : de 6 à 38 euros Réservation: Durée :1h40 Théâtre de l’Odéon www.theatre-odeon.eu |
Porté par une troupe d’acteurs noirs époustouflants, voici un spectacle flamboyant et cruel qui interroge le spectateur sur la question de la soumission et du racisme. «Nous sommes ce que l’on veut que nous soyons, nous le serons jusqu’au bout, absurdement » rappelle Archibald, le metteur en scène de la troupe des Nègres. Qu’est-ce qu’être un Noir, interroge l’écrivain et dramaturge jean Genet en 1958 en écrivent sa pièce qu’il qualifie de « clownerie ». L’histoire ? Le conflit ? Il n’y en a pas vraiment. La pièce ressemble à une série de poupées russes emboitées les unes dans les autres, mises en abîme successives de fausses vérités et de vrais mensonges. Comme chaque soir, treize comédiens noirs répètent comme une cérémonie rituelle le viol et le meurtre d’une femme blanche. Ils sont divisés en deux groupes, en haut ceux qui portent un masque blanc et qui figurent la Cour blanche qui doit juger, en bas ceux qui ont violé et tué. Bien sûr, rien ne se déroule dans le calme et plusieurs bagarres finissent en foire d’empoigne où les masques blancs se font exécuter. C’est Luc Bondy, le directeur de l’Odéon, qui a demandé au grand Bob Wilson de monter la pièce qui fut présentée en 1961 à New York. L’Américain Bob Wilson appréhende l’oeuvre avec son propre vocabulaire. Non pas en démontant et en illustrant le texte, mais en l’imaginant en images et en lumières, comme une magnifique parade de cabaret jazz ou la superficialité la plus tapageuse rejoindrait la vérité la plus crue. Ce qui se produit sur la scène est magnifique. Après un prologue muet qui fait défiler les acteurs, dans une quasi immobilité, sous une pétarade de coups de feu et devant un mur d’habitation Dogon, nous sommes projetés dans un ailleurs stylisé, nuit bleue aux palmiers en néons abstraits, guirlandes fluorescentes pour un cabaret à deux niveaux où le maître de cérémonie, Archibald, affiche le sourire efficace d’un publicitaire aux dents écarlates. Le saxophone vibre de puissants aigus, des comédiens sculpturaux, gainés dans des costumes aux couleurs éclatantes, jouent, chantent et dansent avec un égal talent. Les filles, déesses au corps d’acier, portent des robes de satin magique qui en font des princesses ténébreuses et coquines. Hélène Kuttner Visuels ©Lucie Jansch |
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