Les « Musica » dissonantes d’Anatoli Vassiliev au Vieux-Colombier
La Musica, La Musica deuxième (1965-1985) De Marguerite Duras Mise en scène d’Anatoli Vassiliev Avec Thierry Hancisse, Florence Viala, Agnès Adam, Hugues Badet et Marion Deplancke Jusqu’au 30 avril 2016 Du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 15h et mardi à 19h Tarifs : 9 à 31 € Réservation en ligne Durée : 3h30 Théâtre du Vieux-Colombier M° Saint-Sulpice |
Jusqu’au 30 avril 2016
Le metteur en scène russe Anatoli Vassiliev revient à la Comédie-Française pour deux pièces écrites à vingt années de distance par Marguerite Duras. Florence Viala et Thierry Hancisse incarnent les deux ex-amants d’un couple avant et après leur divorce. La qualité des deux comédiens ne vient hélas pas rattraper l’ennui d’un spectacle qui manque de vie à force de trop tourner autour des mots. Un casting de rêve C’est peu dire que l’on attendait le retour du grand metteur en scène russe Anatoli Vassiliev au Français depuis Le Bal masqué de Lermontov, une splendeur montée en 1992, puis Amphitryon de Molière en 2002. Son travail avec les comédiens, qui tient plus de l’expérience intime que de la convention dramatique, traque l’organique des sensations et des affects en exigeant des interprètes une disponibilité totale. Ceux qui travaillent avec lui sont d’ailleurs emballés par l’originalité et la particularité de son approche. Marguerite Duras, elle, est un auteur qui traque également l’intime des affects avec des mots et des silences. Son écriture, d’un dépouillement extrême, se joue des conventions et de la bienséance des discours. Dans La Musica écrite en 1965, elle place dans un hôtel quelque part en France une jeune femme (Florence Viala) et son ex-amant (Thierry Hancisse) avant leur divorce. Au milieu de nulle part Sur un plateau envahi de chaises en bois, capharnaüm de bric et de broc qui traverse les années de guerre, offert aux spectateurs en pleine lumière comme pour nous faire assister à nos projections intimes, bibelots, tables de chevet, horloge de ferme, vieille radio qui diffuse de vieilles chansons, deux silhouettes tournoient ou se frôlent, se parlent parfois. Elle est belle, élégante et grande. Le verbe haut, le regard franc et insolent. Lui est abîmé par la vie, dans le déni d’un ratage affectif qui est le sien. On les suit, un peu perdus par la béance de la mise en scène qui multiplie les déplacements tandis que les comédiens prennent un jeu distancié. Deux comédiens, entièrement nus, apparaissent de côté au téléphone, images des nouveaux partenaires de ce couple défait. Abus de la répétition Passé cette première Musica, défaite évidente d’un couple qui ne parvient pas totalement au désamour – le texte est très fort –, Vassiliev fait rejouer les comédiens de manière beaucoup plus sèche, comme atone. Est-ce vraiment nécessaire ? Puis vient La Musica deuxième, après l’entracte, qui voit le couple se retrouver après leur divorce, dans ce même hall d’hôtel. Lumières claquantes, costumes aux couleurs vives, le ton devient dur et cassant et l’ironie cinglante. Mais en même temps, une nouvelle énergie se substitue à la langueur précédente. La grosse cage aux oiseaux suspendue est redescendue, Thierry Hancisse, l’Homme, retrouvant sa liberté, se met au piano et joue du jazz. Il est déjà tard, le spectacle tarde et tire en longueur tandis que le spectateur a compris de quoi il s’agissait. Dommage. Hélène Kuttner [Photos © Laurencine Lot] |
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