Les Frères Forman dynamitent le western à la Villette
Les Frères Forman, Deadtown Mise en scène de Petr Forman Jusqu’au 15 octobre 2017 Tarifs : de 12 à 32 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 40 03 75 75 Durée : 1h40 La Villette Espace Chapiteaux |
Jusqu’au 15 octobre 2017
Ils sont deux, Petr et Mātej Forman, jumeaux du grand réalisateur américain d’origine tchèque Milos Forman. Marionnettistes et artistes multi-cartes, ils ont posé leur théâtre ambulant à la Villette et nous proposent, avec une troupe d’acteurs illusionnistes assez géniaux, de revisiter le western avec les clés du cinéma burlesque. Un mélange explosif et poétique en diable pour tous publics. Au pays du westernQu’elle est chaleureuse la baraque de foire, tout en bois, qui accueille le public dans l’antre de tous les westerns ! Un petit orchestre de musiciens parfaits est déjà installé derrière le rideau rouge au premier étage, celui où l’on découvrira, nichés dans de minuscules chambres d’hôtel, une brochette de personnages emblématiques du cinéma américain de l’ouest : mères en pleurs cherchant à caser leur fille, méchants repris de justice déguisés en messieurs convenables, prestidigitateur ambulant qui vend le monde entier dans sa valise en carton. D’emblée, dans de belles lumières chaudes et sur un rythme d’enfer, deux cow-boys minces comme des fils de fer et souples comme des chats entament un duo de choc, colt tournoyant et bottes qui claquent sur l’asphalte dans une éblouissante chorégraphie. C’est un monde d’hommes, féroce et carnassier, qui nous est donné à voir ici, mais les jolies femmes, roulées comme des poules de cabaret, se mettent au French cancan en musique et en rythme ! Technique artisanale éblouissante Prouesses techniques et sportives des acteurs, projections cinématographiques en sépia qui rappellent immanquablement « Il était une fois dans l’Ouest », « Le bon, la brute et le truand », mais aussi le « Voyage dans la Lune » du Français Méliès ou les films muets des années 1920, le spectacle, qui n’en finit pas de surprendre, déroule son florilèges de clins d’oeil et de références puisées dans le foisonnant livre d’images de nos rêves. Passé une histoire assez incompréhensible, d’amour ou de jalousie, les personnages ressemblent à des fantômes de films d’époque, qui passent sur la scène avec le tempo électrique d’une mitraillette ou le ralenti langoureux d’un film d’horreur. Certaines scènes sont hilarantes, avec notamment un cycliste tous terrains qui rebondit sur un matelas ou plonge dans le vide en pédalant en arrière, des quiproquos qui font ressortir des cadavres d’un placard, une femme électrique qui refuse de s’animer. Un mélange détonnant d’humour et de nostalgie Quand on est Tchèque, et qu’on a quarante ans passé, l’Amérique a encore un goût de rêve et de paradis lointain. Les grands espaces, mais aussi les dessins animés de Tex Avery, Lucky Luke et Sergio Léone, autant de trésors qui nous apparaissent aujourd’hui comme des évidences culturelles. « Deadtown » reprend l’imagerie merveilleuse de cette fantasmagorie américaine, mais en la pastichant. Les héros sont de cocasses cavaliers déjantés, les chevaux sont montés sur des roulettes, et le cinéma déroule ses ombres chinoises à travers des pluies d’étoiles. Le vieux saloon devient aussi angoissant que « La nuit des morts vivants » et les cadavres boivent encore du gin.On sort de cette baraque de foire éblouis par cette tonifiante énergie vitale. Hélène Kuttner [Crédits Photos © Irena Vodáková, Jana Lábrová, Josef Lepša] |
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