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Les Cavaliers de Joseph Kessel, l’imaginaire au galop

4 mars 2016
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cavaliers-bruyere

Les Cavaliers

D’après Joseph Kessel

Mise en scène d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois

Avec Éric Bouvron, Gregori Baquet en alternance avec Benjamin Penamaria, Khalid K., Maïa Gueritte

Jusqu’au 30 avril 2016

Mardi à vendredi à 21h
Samedi à 15h30

Tarifs* : 1re catégorie 38 € 2e catégorie 30 € 
3e catégorie 22 €

*Hors frais de location

Réservations en ligne
ou au 01 48 74 76 99 

Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère 
75009 Paris 

M° Saint-Georges
(ligne 12)

www.theatrelabruyere.com

PhotoLot-Cav02Jusqu’au 30 avril 2016

Un spectacle tout en rêves et en lumières où l’imaginaire galope à bride abattue à travers les steppes afghanes. Conte, théâtre et cinéma coexistent dans une adaptation intelligente du roman d’aventure de Joseph Kessel.

Entend-on un cœur qui cogne ou un cheval qui galope ? Peut-être les deux à la fois puisque le cœur des hommes bat au rythme de leurs chevaux dans cette province de Maïmana au nord de l’Afghanistan. Le célèbre Toursène, tchopendoz de renom, a remporté de nombreux bouzkachi, jeux équestres traditionnels, et fondé une lignée d’étalons dont le plus jeune et prometteur, Jehol, est la crème de la crème. Mais lorsque son fils Ouroz chute et se blesse dans un tournoi organisé par le roi à Kaboul, tout bascule. Ce n’est pas seulement la jambe du fils, mais l’orgueil de la famille qui est le plus gravement atteint. Hospitalisé, Ouroz prend la fuite et, inconscient, détruit son plâtre, entraînant Mokkhi, le palefrenier de son père, avec lui. Chacun de son côté et à sa manière, le père et le fils entament une longue traversée du désert avant de se retrouver.

Imagination et sensations

Un décor unique, composé de deux ou trois tabourets avec un rideau en arrière-plan et dans lequel se meuvent quatre acteurs, suffit. Nous retrouvons avec plaisir la sobriété des décors d’Anne Bourgeois mariée à la simplicité et l’efficacité des scènes africaines. Éric Bouvron est un globe-trotteur originaire d’Afrique du Sud. Ce sont les lumières, les costumes et les jeux qui, avec adresse, transfigurent le plateau. L’évocation astucieuse du cheval à l’aide de tabourets et de bruitages convoque l’imagination du spectateur qui, à l’instar d’un lecteur, est forcé de rêver. Car c’est l’imagination du public, dans ce spectacle, qui prolonge la scène pour briser les murs de ce théâtre et ouvrir l’horizon des steppes afghanes.

Un spectacle également très incarné, tout en sons, lumières et odeurs, qui joue sur des sensations physiques intenses et exacerbe nos sens. Couleurs chaudes, parfum d’encens, nuits noires trouées par des chants afghans ou appels des muezzins nous envoûtent, comme ces ombres chinoises, fascinantes, et nous immergent dans un univers oriental fabuleux. Le comédien et musicien Khalid K., qui a plus d’un tour dans son sac, s’improvise tour à tour bruiteur, beatboxer, chanteur afin de restituer la magique atmosphère.

PhotoLot-Cav01 65338x3Entre conte et cinéma

Arrêts sur image, ralentis, noirs, bruitages et éclairages, la mise en scène joue sur une palette d’effets qui rappellent en effet le cinéma, intensifient et rythment l’action. Mais le spectacle qui débute comme un récit traditionnel, sans artefacts, rappelle régulièrement qu’il s’agit d’une histoire tirée d’un livre. Une des forces de cette adaptation est d’avoir développé la dimension du récit, alors que ce roman s’apparente à un conte initiatique. Histoire édifiante, offrant des réflexions sur le destin, où la sagesse des anciens côtoie la folie et les tourments des plus jeunes, ce roman offre une belle galerie de personnages. Emplis des plus belles qualités et des pires défauts, ils sont non “finis”, en plein apprentissage et évolution, donc particulièrement théâtraux.

Le spectacle est rythmé et dynamique de bout en bout. Adapter ce roman-fleuve de 800 pages relevait de la gageure. C’est haut la main que la troupe a relevé le défi. Nous n’avons qu’une seule chose à redire : parce que le mieux est l’ennemi du bien, les comédiens abusent parfois d’effets visuels et sonores. Une mention spéciale au comédien Éric Bouvron, qui impose une authentique et belle présence, autant dans le personnage de Mokkhi, l’humble palefrenier, que dans celui du père, seigneur tyrannique. Pour tous les nostalgiques de voyages, géographiques ou théâtraux !

Jeanne Rolland

 

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