Les belles surprises du programme d’automne du Ballet Nice-Méditerranée
©D Jaussein
Avec un budget sans commune mesure avec les autres grandes compagnies françaises que sont les ballets de Bordeaux, du Capitole, du Rhin sans parler de l’Opéra de Paris, Eric Vu-An mène depuis dix ans un travail exigeant de construction d’un répertoire classique et original. Désormais, le ballet de Nice Méditerranée fait partie des compagnies qui comptent dans le paysage chorégraphique français, sachant passer, avec talent, de Bournonville à Béjart, de Lifar à Lucinda Childs.
Pour son programme d’automne de la saison 2018-2019, Eric Vu-An a choisi trois œuvres très différentes, créées entre 1973 et 1987, Oktett d’Uwe Scholz, Quatre derniers lieder de Rudi van Dantzig et Troy game de Robert North.
Uwe Scholz est l’un des principaux chorégraphes allemands issus de l’école néo-classique de John Cranko. Danseur et musicien, Uwe Scholz concevait ses ballets abstraits en lien étroit avec la partition. Sa pièce Oktett épouse chaque note de l’octuor à cordes de Mendelssohn en mettant en scène un bal, avec danseuses en robe longue jaune et les hommes en veste noir. Plusieurs tableaux se succèdent en cascade, rassemblant les garçons et les filles dans des duos ou des ensembles qui se répondent sur le plateau en un véritable feu d’artifice. Au milieu de cette atmosphère légère et bon chic bon genre, un couple se forme, vite rattrapé par le groupe. La fête reprend son cours sur les envolées romantique de la composition. Le style fluide et musical, à l’élégance intemporel, sied particulièrement bien aux artistes de la compagnie.

Oktett © D Jaussein
Les Quatre derniers lieder sont l’ultime œuvre de Richard Strauss, composée en 1948 quelques mois avant sa mort. Resté en Allemagne tout au long de la guerre, le compositeur signe une pièce où mort et espoir sont étroitement liés. Créé en 1977 par Rudi van Dantzig, directeur du Dutch national ballet pendant vingt ans, Quatre derniers lieder met en scène des duos qui se confrontent à un mystérieux personnage. Celui-ci traverse le ballet de bout en bout, s’immisce dans les pas de deux, se posent en guide. Le chorégraphe a souhaité faire de lui l’ange qui guide les hommes dans l’au-delà. On saluera la performance du jeune danseur italien Calogero Failla, l’ange, particulièrement magnétique dans son rôle de guide.

Quatre derniers lieder ©D Jaussein
Changement radical d’ambiance avec Troy game. Sur une musique de batucada brésilienne, des danseurs habillés en guerriers gréco-kitsch s’élancent. Entrainements avec force pompes et exercice d’abdominaux, cris de guerre, simulacres de combats, les garçons semblent prendre du plaisir à danser cette pièce de groupe drôle et décalée où se mêlent rigueur technique et goût de la performance physique. Le chorégraphe Robert North a fait ses classes à la Royal ballet school et la London contemporary dance : Humour anglais, quand tu nous tiens ! Troy game termine sur une note tonique cette soirée.

Troy game © D Jaussein
Stéphanie Nègre
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