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Les Amants de Varsovie : chansons et récits d’amour à rire et à pleurer

patrick duCome 7 mars 2020
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Une des salles du théâtre du Gymnase transformée en cabaret se prête idéalement au concert pour un piano et une voix. On pourrait être au Chat noir, dans un Montmartre transporté au bord de la Vistule. Au loin, on croirait voir apparaitre un port, un bateau. Cette voix c’est celle d’Ewunia qui interprète sa symphonie romantique Les Amants de Varsovie. Composée en balade amoureuse avec sa malice et sa joie de vivre, Ewunia nous donne un splendide moment d’émotion pour un voyage musical sentimental.

Ewunia (Ewa Adamusinska-Vouland) est debout sur la scène dans un décor qui joue sur la simplicité. Un piano droit est posé côté jardin où s’est assis le pianiste virtuose Yves Dupuis, talentueux adaptateur et remarquable accompagnateur. On aime quand Ewunia restitue toute la puissance qui s’accorde au chant en polonais, cette langue aux sonorités émouvantes. On croirait « entendre battre le cœur de Chopin » en particulier. On redécouvre au passage une magnifique adaptation avec Yves Dupuis pour sa splendide interprétation du Prélude en mi-mineur de Frédéric Chopin.

Elle revisitera avec lui Les Feuilles Mortes. Petit cliché : son chant de la mésange nous fera dire qu’elle est elle-même un rossignol charmant ! Puis, sans crier gare, elle nous fait rire en chantant Beau salaud (1934) ou autre envolée d’un répertoire tour à tour coquin, malicieux ou franchement comique J’ai peur de dormir toute seule (1926). Couronnée de petites fleurs fraîches blanches, elle devient Rebeka, virevoltante dans sa robe de mariée à faire rêver une toute jeune fille. Rebeka qui sait désormais que son promis en aime une autre. Dans le retour qu’elle opère sur elle-même, Ewunia nous transporte. Quand son personnage recherche l’amour pour sa mère « Où es-tu, Maman ? », lorsqu’elle supplie que l’être aimé lui accorde un dernier dimanche, C’est notre dernier dimanche (1935), c’est un cri de vérité qui vous emporte et vous laisse le cœur serré. Alors, on a une pensée pour Anna Prucnal avec sa manière de dire les déchirures et on remercie Ewunia de nous y faire songer. William Mesguich, dans sa mise en scène discrète et délicate suggère que l’on se perde avec Ewunia, « chanteuse à la présence trouble, élégante et charismatique à la fois ».

Attrapée par des projecteurs latéraux ou reprise en contre-jour, Ewunia est immense dans sa robe noire. Elle tient ses notes dans les aigus, aussi à l’aise que dans les basses. Puis fragile, s’approchant en bord de scène, elle devient lectrice de proximité. Nous découvrons une idée très ingénieuse dans la mise en scène lorsque son visage est soudain éclairé par un seul micro projecteur dissimulé dans les pages de son livre.

Comme une autre Joanna Kulig en Zula surgie de Cold War*, le film magnifique de Pavel Pawlikowski, Ewunia, nous regarde, elle approche, fait quelques pas de funambule, elle, qui est déjà sur un fil, puis s’écroule comme la pluie s’abat dans la saison d’automne à Paris pour nous offrir, plus grand encore, son ciel ouvert de Varsovie.

patrick duCome

*Cold war, film polonais 2018. On y entend ce thème traditionnel « Dwa Serduska , (deux petit cœurs) dont je vous recommande d’écouter l’interprétation par Ewunia et Yves Dupuis.

**Mais en annexe, il faut entendre l’adaptation d’Alan Parsons Project par Yves Dupuis d’Eye in the sky.

À lire également sur Artistik Rezo : Rencontre avec Ewunia à l’affiche des Amants de Varsovie au théâtre du Gymnase par patrick duCome

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