0 Shares 2925 Views

“L’Ecole des femmes”, farce musicale pour tous publics

Hélène Kuttner 4 décembre 2018
2925 Vues

©Théâtre du Petit Monde

Au Théâtre Déjazet, l’acteur Nicolas Rigas met en scène une joyeuse troupe de comédiens, chanteurs, musiciens et acrobates pour jouer la comédie de Molière assaisonnée des plus célèbres chansons des « Contes d’Hoffmann » d’Offenbach. Un délicieux mélange ironique et caustique, pour tous publics, rendu vivant grâce au talent et à l’énergie des interprètes.

©Théâtre du Petit Monde

Comment épouser une sotte ?

Dans la leçon qu’Arnolphe (Nicolas Rigas) prodigue à son ami Chrysalde (Salvaore Ingoglia) sur le petit banc devant la maison qui protège Agnès du regard public, il s’agit bien, pour l’homme infatué et bouffi d’angoisse qu’il est, de faire le projet d’épouser sa protégée, une jeune fille qu’il a élevée depuis sa petite enfance comme un père adoptif. A l’abri du monde, gardée par deux énergumènes, des paysans rustres et obéissants incarnés par les cascadeurs Romain Canonne et Jean Adrien, en robe de toile et fichu sur la tête, qui s’envoient des beignes avec l’énergie de catcheurs, jaillissant dans les airs en faisant la grande roue comme si de rien n’était avec une malice fabuleuse.

Galipettes et farce philosophique

Ce mélange des genres, sur un texte intégral remarquablement incarné et clair, qui mêle les acrobaties des deux paysans au verbiage pompeux et ridicule d’Arnolphe, les sorties croustillantes d’Agnès dans sa robe de communiante (Antonine Bacquet ou Amélie Tati) et les chansons d’Offenbach très bien interprétées, alors que trois musiciens, un violoniste, un violoncelliste et une flûtiste jouent dans une loge de côté, participe avec un grand bonheur à la réussite de ce spectacle. Le décor du Théâtre du Petit Monde est simple à souhait, mais il n’en faut pas plus, un escalier, une porte-fenêtre, deux orangers, et une belle lumière pour dessiner l’univers codifié d’Arnolphe qui va se trouver totalement bouleversé par l’irruption du bel Horace, auquel Martin Loizillon prête son physique de jeune premier frais et dispos. 

©Théâtre du Petit Monde

Un spectacle d’une clarté lumineuse

Du coup, la fraîcheur et la vérité d’Agnès, la vantardise maladroite d’Arnolphe, la malice d’Horace et la bêtise d’Alain et Georgette deviennent des données évidentes pour comprendre la pièce et le propos de son auteur, Molière, dans la défense des femmes que l’on modelait à l’époque comme des poupées. Les scènes s’enchaînent de manière cocasse, le texte s’offre avec une vraie liberté, les corps en mouvement épousent le tempo de la comédie italienne, vive et enlevée, alors que le public, à tous âges, peut saisir cette pièce provocante et ironique, riche, drôle et hallucinante de folie. La musique et les chansons insufflent au tout un agréable et harmonieux vent de fantaisie et de légèreté. Un régal.

Hélène Kuttner

Articles liés

Nick Cave offre une grand messe jubilatoire à l’Accor Arena de Paris
Musique
252 vues

Nick Cave offre une grand messe jubilatoire à l’Accor Arena de Paris

Il existe des artistes inclassables, totalement hors normes, et Nick Cave appartient à cette catégorie. Après un passage remarqué à Rock en Seine en 2022, il est revenu à Paris ce 17 novembre 2024. Sa voix de velours, de...

Un week-end à l’Est… en plein Paris ! Édition 2024
Art
186 vues

Un week-end à l’Est… en plein Paris ! Édition 2024

Célébrant les cultures de certains pays d’Asie et d’Orient pour la huitième fois d’affilée, le festival Un week-end à l’Est a décidé de mettre à l’honneur cette année, Erevan, mais plus généralement, l’Arménie. A l’instar donc des éditions précédentes,...

“Travelling song”, le concert de musique de la Renaissance au Temple de Port-Royal
Agenda
86 vues

“Travelling song”, le concert de musique de la Renaissance au Temple de Port-Royal

Avec « Traveling Songs », nous proposons un voyage musical à travers l’Europe de la Renaissance, autour de pièces très célèbres de la fin du XVe siècle au début du XVIIe siècle, dont les mélodies ont été reprises et...