Le voguing, de marginalisé à adulé
Le voguing est apparu dans les années 1970 dans la communauté LGBTQ noire et latino américaine. Même si le berceau est à New York, Paris capitale de la mode est la deuxième plus grande scène mondiale.
Le voguing se caractérise initialement par une succession de poses imitant celles des mannequins en pages du magazine Vogue. Parodiant ainsi cette élite privilégiée excluant les femmes transsexuelles noires et latino-américaines. La ballroom a été crée par ces femmes mises de côté au sein des concours de beauté, d’où elles ressortent sans cesse perdantes face aux femmes blanches. Le voguing est une performance très féminine, car le but est, pour ces femmes transsexuelles, de montrer qui elles sont : de vraies femmes, magnifiques et sûres d’elles. Ainsi, c’est avec concupiscence que les danseuses exécutent ces mouvements souvent rapides, extrêmement précis, linéaires, angulaires et rotatifs que l’on connaît.
Les vogueuses font parties de “houses”. La “house” est une famille de substitution, une seconde maison, avec une mother, un father et des kids. Dans la “house” ces personnes doublement discriminées en société mais aussi par leurs proches, peuvent se retrouver avec des membres de leur communauté, et surtout, laisser libre cours à leur vraie personnalité, sans peur de jugement. Le voguing comporte aujourd’hui une quinzaine de catégories, afin que chacun et chacune puisse trouver sa place : Face, Runway, Realness, Labels, Bizarre, Best dressed, Designer delight, Executive realness, Realness, Sex siren, Body, Ff performance, Bq vogue fem, Women vogue, Old way, New way. Un seul thème uni ces différentes catégories : l’amour et l’acceptation de soi. Que ce soit à travers sa sensualité avec Sex Siren, de par son visage atypique avec Face, ou de par le poids social qu’est celui d’être transsexuel en société avec Realness.
Gentrifié par la chanteuse Madonna, le voguing est aujourd’hui à la portée de tout le monde, et de nombreuses Balls (battles) sont organisées sur Paris. Des catégories créées pour se rire des oppresseurs (telle que Executive Realness dont le but est de passer pour un homme blanc aisé cisgenre et hétérosexuel) sont aujourd’hui regardées et appréciées par ce même genre d’oppresseur social. Le voguing connaît ainsi une vague de reconnaissance depuis plusieurs années, malgré le fait que beaucoup de ses adeptes ne connaissent pas a véritable histoire de la danse, malheureusement faussée par l’essor que Madonna a pu apporter.
Soraya Assae Evezo’o
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