Le théâtre du Châtelet rénové : un écrin historique très moderne
Plus qu’une rénovation : une restauration. Le théâtre du Châtelet a rouvert ses portes, pour le plus grand bonheur des amateurs d’architecture historique et de spectacles à la pointe de la technologie. C’est aussi une bonne nouvelle pour la danse qui sera très présente au cours de la saison 2019/20.
Les travaux ont duré deux ans et demi. Le théâtre du Châtelet a fait peau neuve, pour retrouver ses lustres d’antan. Dans les deux sens du terme, par ailleurs, et c’est justement le grand mérite de cette action de permettre à ce temple de la culture une modernisation technique et un retour à des splendeurs qui étaient enfouies sous de multiples couches de peinture, ajoutées au fil des siècles.
Histoire et avenir réconciliés
Parlons donc des lustres. Entièrement démonté et restauré, celui de la grande salle retrouve toute son élégance. Au-dessus de lui, on redécouvre un plafond vitré et rétro-éclairé d’une beauté discrète et sublime à la fois. L’idée des architectes est ici que cet élément architectural, qui produit un effet d’éclairage opalescent, pourra même être intégré dans certaines mises en scène. Dans la salle, chaque élément a été passé au crible pour détecter si la décoration originelle était faite à la feuille d’or ou à la peinture imitant la dorure. Ce contraste qui confère à l’ensemble de la salle de spectacles une vivacité extraordinaire, a été restauré.
Le public en profitera autant que des conditions techniques améliorées pour les artistes et la réalisation des spectacles. Grâce à un équipement plus performant, le théâtre pourra accueillir des décors toujours plus exigeants et permettre la réalisation d’effets spéciaux toujours plus surprenants. Pour les décennies à venir, le théâtre pourra ainsi offrir des conditions parfaites aux équipes techniques et artistiques.
Gains de place
Les spectateurs qui se rendent au Châtelet verront dans un premier temps un péristyle élargi, grâce au démontage de deux escaliers métalliques latéraux. Les foyers ont également été complètement rénovés, dans l’esprit de l’époque originelle, à partir de document d’archives. Mais leur décoration est en partie une réinvention, comme la couleur rouge des murs dans la salle, qui offre un contraste optimal avec les dorures. Particulièrement intéressant : le théâtre gagne une cinquantaine de places au fond de la salle, offrant une vue optimale. Pourquoi ? A cet endroit étaient installés des projecteurs et des équipements pour la régie qui occupent naturellement des emplacements aux meilleurs conditions.
L’ensemble des travaux a nécessité un budget initial d’une trentaine de millions d’euros. Le dépassement a été très limité (environ 10%) et les travaux ont été terminés dans les délais. Le Châtelet a donc rouvert ses portes au public avec succès, malgré la date choisie : un vendredi 13, de ce mois de septembre… Mais tout s’est parfaitement bien déroulé, de la parade des marionnettes géantes du Mozambique entre le parvis de l’Hôtel de Ville et le théâtre à la fête artistique qui s’est ensuivie, avec les vignettes théâtrales et chorégraphiques grotesques dans les espaces ouverts du théâtre, dans l’esprit d’Eric Satie et des Ballets russes, par exemple.
Et la salle a été inaugurée par un spectacle acrobatique et chorégraphique, signé Stéphane Ricordel et Elizabeth Streb, chorégraphe des extrêmes corporels. Suite à quoi tout le monde s’est retrouvé sur la place du Châtelet, pour une fête informelle. Ce qui prouve, avec la parade des marionnettes et musiciens du début, que l’espace public parisien peut être rendu aux citoyens et aux artistes et qu’on peut arrêter les flots des voitures, si la mairie est complice. On retiendra la leçon !
Relectures de ballets
Au cours de la saison inaugurale, la danse se taille une belle place. Le théâtre du Châtelet reprend ses échanges avec le théâtre de la Ville (la maison d’en face est toujours en travaux et un y est sans doute un peu jaloux de voir le Châtelet rouvrir en premier) et présente notamment les spectacles de la saison de William Forsythe, pour une relecture de son propre parcours de chorégraphe et un nouveau regard sur l’art du ballet, et bien sûr il y aura Pina Bausch. Le Châtelet participe également à la grande série de représentations de tous bords en hommage à Merce Cunningham qui aurait fêté en cette année 2019 son centième anniversaire. Et le Châtelet accueille de nouveau le festival Les Étés de la Danse où viendra Akram Khan avec sa relecture de Giselle. Le Dutch National Ballet sera également au rendez-vous, avec une version féerique de Cendrillon. Et c’est le chorégraphe anglais Christopher Wheeldon qui signe ce spectacle.
Thomas Hahn
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