Le petit bourgeois gentilhomme : une explosion théâtrale en show musical
Le P’tit Bourgeois Gentilhomme De Eric de Dadelsen Avec Anne De Broca, Eric de Dadelsen, Marina Keltchewsky, Patrick Michaelis, Frédéric Pichon, Marie Thomas Jusuq’au dimanche 22 mai 2016 à 20h30 Les samedis et dimanches à 16h Tarifs : de 10€ à 20€ Réservations en ligne ou par tél. au Durée : 1h20 Théâtre de l’Epée de Bois |
Jusqu’au 22 mai 2016 Le petit bourgeois gentilhomme à l’Epée de Bois : la pièce coup de cœur que nous avons failli rater. Explosion théâtrale en show musical TV en direct à la Cartoucherie ! Big bang social tout court ! Séance de rattrapage jusqu’à dimanche avant le retour en Ile de France fin décembre 2016. Le petit bourgeois gentilhomme nous offre une belle part d’imaginaire et pose la question entre Molière, Brecht et Bourdieu, de la servitude volontaire ou bien involontaire. Le tout en clownerie irrésistible, paillettes, rire et antipaillettes à tous les étages. Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, notre Monsieur Jourdain, vit de nos jours une époque formidable. Jourdain se nomme aujourd’hui Raoul Jourdan, il est assureur en province et mène une vie cossue, après une réussite professionnelle exemplaire. Cependant, dans la société actuelle, il se sent hors du coup, non pas tant en raison des évolutions technologiques mais dans son rapport aux autres. Pour favoriser son intégration au nouvel ordre social ambiant, ponctué par autant d’inventions high-tech jusqu’à ce qui lui semble l’indispensable réseau social, il fait appel à un coach de vie. Son nouveau maître commence par lui changer ses valeurs, ses goûts, son look. Afin de se débarrasser de sa ‘chape de conscience’, il rejoindra la masse et s’y fondra, tout en se mettant en scène dans ce règne de l’image où « exister socialement, c’est être vu. » Fantastique, drôle, profond, ce spectacle vous plonge dans le monde de la télévision, dans celui de la prépondérance de la communication. Dorante représente de ces Tartuffe qui sont le reflet de la société du spectacle que dénonce Eric de Dadelsen, par une dramaturgie très enlevée qui met au pilori les serviteurs d’une imposture de masse : la culture ? Heureusement certains prétendent à devenir spectateurs de leur propre aliénation. Le rêve secret de notre nouveau bourgeois gentilhomme est de pouvoir intégrer les classes moyennes qui sont les couches dominantes de la société. Son désir ardent est de participer à une émission de télévision – un célèbre télé-crochet, genre ‘Voice’, fabrique à star d’un jour – pour avoir, comme chacun visiblement le souhaite, son fameux quart d’heure de célébrité. Quand Monsieur Jourdain redescend l’ascenseur social Comme dans l’œuvre de Molière, il s’agit ici d’une métamorphose mais à la différence de Monsieur Jourdain, notre assureur n’aspire pas à une quelconque ascension sociale ou à devenir meilleur. Au contraire, il cherche l’uniformité, la vulgarisation, l’adéquation aux nouvelles échelles de valeur de la Eric de Dadelsen, directeur de la compagnie Le Goldmund Théâtre de la Bouche d’Or, auteur, metteur en scène et comédien se confie : « J’ai lu le livre d’Alain Accardo qui est enseignant-chercheur honoraire à l’université de Bordeaux et spécialiste de l’œuvre de Bourdieu. Dès lors, le contenu de la pièce s’inspire de son essai « Le petit-bourgeois gentilhomme ou La moyennisation de la société » ( le sous-titre est « Tentative d’hégémonie de la classe moyenne. ») Dès la première lecture de ce sociologue politique, j’ai décidé de porter à la scène ce parallèle entre Monsieur Jourdain, le personnage de Molière et le petit-bourgeois d’Accardo à travers l’écriture d’un texte comique d’une part, proche de Molière, et, résolument contemporain d’autre part. » Deux compagnons, deux compagnies pour un théâtre social Pour ce projet, Eric de Dadelsen retrouve Patrick Michaëlis, comédien et metteur en scène, directeur de la compagnie Bagages de Sable avec Claude-Alice Peyrottes. Ces deux compagnons de route assidus de plus de quinze ans décident de travailler ensemble. Leurs deux compagnies s’associent pour cette production. Ainsi qu’on a pu les applaudir dans ce parcours commun qui est le leur et où se retrouve leur engagement pour un théâtre social : L’Ile des esclaves de Marivaux, La noce chez les petits bourgeois de Brecht, Les noces de velours d’Eric de Dadelsen ou encore A demain cette nuit de Claudine Galéa. Ajoutons qu’ils ont partagé aussi des responsabilités et sont engagés dans le syndicalisme et la défense de l’exception française de l’art et de la culture. De ce spectacle créé et mis en scène à partir de son essai, Alain Accardo écrivait : « Les dialogues percutants, les choix de mise en scène appropriés et justes parviennent à renforcer la force comique de la pièce. L’ensemble est mordant, offensif, dans l’esprit de ce que j’ai écrit. Bravo pour votre grand talent. » Standing ovation pour nos vedettes Autour de la star sur scène Marina Keltchewsky qui joue admirablement Irina, grande vedette de la chanson, Anne de Broca est une sobre et rassurante Martine, sœur et associée de Raoul Jourdan. Marie Thomas campe une adorable Julie fille de Raoul Jourdan tandis que Frédéric Pichon en Vito Dorante, coach de vie (Dorante) « érotise le plateau jusqu’au public » (dixit Eric de Dadelsen). Avec paillettes, sur plateau TV, avec des chansons en direct qui veulent enfin dire quelque chose (Je marche dans l’eau, oh, oh, oh, oh ! ), leur monde est stone, suffirait-il d’aimer ? Patrick DuCome « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est devenu un acte révolutionnaire. » George Orwell [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=UgDPrVXEmn4[/embedyt] [Photos : © Epée de Bois ] |
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