Le Festival Séquence Danse 2014 au 104
Festival Séquence Danse 2014 Du 26 février au 16 mars 2014 Billetterie : Le 104 |
Du 26 février au 16 mars 2014
Pourquoi danse-t-on ? Par quels chemins rencontre-t-on la transe ? Par la dépense physique, selon Louise Lecavalier. Par la durée, selon Alessandro Sciarroni. Par le bassin, répond Radhouane El Meddeb. La deuxième édition du festival Séquence Danse ouvre sur trois spectacles qui interrogent notre désir de communier par le mouvement. Au premier, au second et au troisième degré, trois chorégraphes rendent hommage à la danse. Louise Le cavalier, égérie d’Edouard Lock, revisite dans So Blue les tsunamis cinétiques dans lesquels elle se jetait du temps où elle fut la primaballerina de la compagnie La La La Human Steps. Aujourd’hui, la blonde est toujours aussi explosive, part toujours en vrille, mais plus en horizontale. Au lieu de sauter, elle balaye le sol avec une énergie shamanique. Toujours plus, toujours plus vite, d’abord en solo, et puis en pas de deux enragé avec Frédéric Tavernini, sur un dancefloor qui semble brûler les pieds à celle qui a toujours le diable au corps, même après une carrière entière dans la danse. Propulsée par la techno tribale de Mercan Dede, Lecavalier martèle son envie d’atomiser le temps. Pour rencontrer, au bout, l’oubli de soi, la liberté. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=MjQpJvVhl4E[/embedyt] Danser, c’est synonyme de liberté! Radhouane El Meddeb s’en souvient. Au temps où les Arabes dansaient est une pièce pour quatre garçons qui rend hommage aux femmes qui font vibrer le bassin, dans les cabarets, devant un public attablé, et surtout, dans les comédies musicales du cinéma égyptien, jusque dans les années 1970. El Meddeb est performeur ou comédien, avant de devenir chorégraphe. C’est pourquoi le corps et la danse sont pour lui des sujets de réflexion. Après avoir rendu hommage à Oum Kalthoum dans un solo qu’il interprétait lui-même avec sa part féminine, comme pour lancer un appel à tous de ne pas en être effrayés, il vient donc pour augmenter cette proposition par un pas de quatre et une nouvelle recherche d’un rapport sensuel à l’existence. La grande surprise de la saison est de voir sur scène, dans les festivals contemporains de pointe, un travail sur le Schuhplattler, cette danse alpine intrinsèquement liée aux bottes et à la culotte de cuir. Mais bretelles et grosses chaussettes disparaissent presque entièrement quand les six danseurs, dont Alessandro Sciarroni, dépouillent le vocabulaire traditionnel de tout folklore. Le rythme est bien là, mais ils dansent en T-Shirt et en baskets. Leur joie a une forte note de gravité, leur énergie semble venir d’un ailleurs: Est-ce une messe noire? Un Sacre sans victime? Folk-S, justement! Cet isolement quasiment chirurgical produit une toute autre magie et fait oublier le temps. Séquence par séquence, le répertoire de gestes s’élargit, la danse monte en complexité, dans une dynamique qui semble pousser chacun à aller à ses limites, aussi longtemps qu’il puisse tenir en l’air. En effet, l’un après l’autre, les interprètes peuvent déclarer forfait. La règle veut que le spectacle se termine quand il n’y a plus que deux personnes, soit sur le plateau, soit dans la salle… Aussi, on les regarde sautiller en cercle, croiser l’espace, frapper leur semelles et leurs cuisses, s’adonner à des musiques diverses et apparemment sans lien avec le Schuhplattler. Et on peut entrer dans un état d’hypnose, tout comme les danseurs eux-mêmes. Ce que nous disent Sciarroni, El Meddeb et Lecavalier est donc bel et bien que la danse n’est autre qu’un voyage intérieur. Thomas Hahn [Crédits photographiques : El Meddeb, Au temps où les Arabes dansaient… © Agathe Poupeney / PhotoScene] |
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