“Le Chien” : troisième épisode des Contes du Chat perché à la Comédie Française
Poursuivant leur cycle autour des Contes du Chat perché de Marcel Aymé, Véronique Vella et Raphaëlle Saudinos s’intéressent aujourd’hui au Chien, cet animal errant que les deux sœurs Delphine et Marinette, devenues grandes, recueillent charitablement. Car le Chien, rendu soudain aveugle en gagnant sa liberté, est un fameux bavard ! Dans des décors recyclés en un univers de chromo tendre, les comédiens s’amusent comme des enfants à raconter cette histoire pas si légère que ça, sur le fil ténu d’une liberté durement acquise.
La raison du plus fort
Après Le Loup en 2009, Le Cerf et le Chien en 2017, voici Le Chien, ce animal sympathique et bourru, lâchement abandonné par son maître, un vagabond aveugle et paresseux qui a légué à son animal de compagnie sa cécité. Et voici que cet animal, que l’on dit fidèle et brave, se retrouve par hasard devant la maison de Delphine et Marinette, alors qu’elles ont dans leur panier de courses un bon morceau de viande. Mais on résiste, elles sont grandes maintenant et ont le droit de dire « non ». Pourtant, comme elles sont charitables, elles acceptent de recueillir le chien qui les apprivoise, en le lavant soigneusement et en le nourrissant à sa faim. Ainsi accepté par les parents aussi, le chien deviendra vite le meilleur ami du chat, qui finit par prendre ombrage de l’attention que tous portent au Chien.
Difficile liberté
Poursuivant la simplicité du conte dans une scénographie à l’esthétique pleine de charme et de matériaux en construction, une maison à la charpente ouverte sur le ciel, une forêt découpée autour d’un morceau de route, avec derrière les buissons un ensemble de percussions que l’on vient frapper à tour de rôle, Véronique Vella et Raphaëlle Saudinos puisent à fond dans l’imaginaire enfantin en mêlant les images et la musique, rythmée comme les pulsations d’un cœur. Nicolas Lormeau est un chien parfait, poilu, râleur mais conciliant, en quête perpétuelle d’affection et d’un maître. Florence Viala, Delphine, et Elsa Lepoivre, Marinette, sont deux adolescentes poussées trop vite avec des jambes interminables et une langue bien pendue. Les parents sont des bobos épatés, conciliants et arrangeant, Sylvia Bergé et Thierry Hancisse, qui passent leur temps à s’aimer. Quant au chat, Jean Chevalier en fait un paresseux coquin, rattrapé par un sommeil incompressible et à la susceptibilité maladive, tandis que Yoann Gasiorowski fait palpiter l’intrigue avec ses percussions.
L’ordre des cœurs
Tout ce petit monde s’accorde parfaitement, mais on ne reprochera pas au Chat de vouloir dévorer la Souris, Véronique Vella, sauf si cette dernière récupère la cécité que le Chat a lui-même dérobée au Chien pour se faire pardonner. On est toujours le jouet de quelqu’un, semble nous souffler Marcel Aymé, et la raison du plus fort est toujours la meilleure. C’est donc la petite souris qui sauve sa peau en devenant aveugle, libérant son agresseur le Chat, tandis que le Chien valide repartira en quête de son maître, bien qu’il l’ait abandonné. Que comprennent à tout cela Delphine et Marinette ? Et bien que le bonheur ou le malheur de chacun dépend de lui seul, sans qu’on ne doive jamais porter de jugement. Une histoire de liberté et de dépendance, de tolérance et de courage qui plaira autant aux enfants qu’aux adultes que nous pensons être.
Hélène Kuttner
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