Le Châtelet fait peau neuve : populaire et participatif
Nommés à la direction du Théâtre du Châtelet en remplacement de Jean-Luc Choplin qui a déménagé au Théâtre Marigny, l’Anglaise Ruth Mackenzie et le Français Thomas Lauriot dit Prévost, qui connaît bien la maison pour en avoir été directeur administratif, ont dévoilé le 27 mars leur programmation après deux ans et demi de travaux. Jeunesse, multiculturalisme, démocratisation de la culture, place aux femmes, le tandem veut casser les murs d’un théâtre trop fermé et l’ouvrir aux Parisiens, avec beaucoup d’air !
Abd Al Malik qui monte Les Justes d’Albert Camus avec des jeunes de Seine-Saint-Denis dès l’automne 2019, après Parade, qui inaugurera la saison avec ses marionnettes géantes venues du Mozambique et ses 40 jeunes danseurs dans le spectacle explosif signé Stéphane Ricordel et Elizabeth Streb en hommage au défilé poétique qui réunissait en 1917 Picasso, Diaghilev, Satie et Jean Cocteau ! La nouvelle cuvée du Châtelet s’ouvre en grand et en fanfare à l’heure du slam, de la démesure et de la transversalité des genres artistiques, en proposant des manifestations gratuites, des ateliers pour jeunes spectateurs et des billets à 10 euros pour les moins de 25 ans.
La danse, la musique, mais aussi le cirque, le multimédia et des ateliers de claquettes pour “un théâtre ouvert à tous et porteur d’une tradition d’exigence et d’audace artistique”, selon la directrice artistique Ruth Mackenzie. On peut donc compter sur cette femme au franc-parler et à l’enthousiasme communicatif, qui a dirigé le “Holland Festival” et fut l’étonnante directrice artistique des Jeux Olympiques et Paralympiques de Londres en 2012 en invitant plus de 25 000 artistes de tous pays. Alliant parfaitement la culture et la politique, elle impulse aujourd’hui à une institution séculaire un vent de liberté et de surprises en allant au-devant des publics qui n’osaient pas franchir les portes de l’imposante institution.
La recette de ce bouleversement ? Des artistes innovants comme le jeune compositeur d’électro Rone, le bouillonnant chef d’orchestre gréco-russe Teodor Currentzis qui s’installe en résidence au Châtelet avec son orchestre et ses chœurs MusicAeterna pour un festival Beethoven et des incursions dans le baroque et la musique contemporaine, le metteur en scène australien Barrie Kosky pour Saül de Handel ou l’artiste polyvalente française Gisèle Vienne en 2020. Naturellement, on n’oublie pas les grands noms de la scène internationale : Christopher Wheeldon revient avec le superbe Un Américain à Paris en décembre et Cendrillon l’été 2019, alors qu’Akram Khan donne Gisèle, les chorégraphes Merce Cunningham et William Forsythe sont présentés en novembre, tandis que Les Sept péchés capitaux de Pina Bausch seront dansés en mars par le Tanztheater Wuppertal et l’Orchestre de Chambre de Paris. Un pont est jeté entre le XXe et le XXIe siècle, sous les angelots et les fresques en or d’un bâtiment du XIXe siècle rénové et du dernier cri. Bon vent au nouveau Châtelet !
Hélène Kuttner
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