Le Chant des Oliviers : une comédie pleine de fraîcheur
Le Chant des Oliviers De Marilyne Bal Mise en scène par Anne Bouvier Avec Jean-Claude Dreyfus, Julia Duchaussoy et Frédéric Quiring Jusqu’au 19 décembre 2015 Du mardi au samedi à 19h Tarifs : Réservation en ligne Théâtre du Splendid |
Jusqu’au 19 décembre 2015
Mas provençal, champ de lavandes, bruissement continu des cigales, senteur d’ail et d’huile d’olive… Jacques, ancien restaurateur à la retraite, habite seul sans grandes ressources dans la maison provençale de sa filleule Léa qu’il voit tous les deux mois. Quand elle vient lui rendre visite le temps d’un week-end, l’accueil est à la fête, l’ambiance est au beau fixe jusqu’à ce que… ? …Jusqu’à ce que Léa (Julia Duchaussoy) lui annonce son mariage imminent avec Fahed (Frédéric Quiring) un jeune cuisinier talentueux et ambitieux d’origine libanaise. Ce qui ne ravit pas Jacques, le retraité (Jean-Claude Dreyfus), réactionnaire bourru, franchouillard et raciste (Fahed ? Avec un nom pareil !) et bien primaire, attaché qu’il est à sa cuisine traditionnelle et à l’exclusivité qu’il semble porter à Léa. Il faut comprendre que la maison dans la dépendance de laquelle il vit appartenait aux parents de sa nièce avant l’accident fatal qui devait leur coûter la vie. L’atmosphère s’alourdit et tourne au vinaigre lorsque celle-ci lui fait part de son projet d’achat d’un restaurant. Or ce projet ne pourrait voir le jour que si Léa vendait sa maison, celle où vit Jacques. Que faire de Jacques ? Le temps du week-end suffira-t-il à ces trois protagonistes qui disent souvent fort ce qu’ils ont à dire pour s’entendre ou bien pour se déchirer ? Fahed, en véritable déclencheur, féru de cuisine moléculaire, affronte celui pour qui des recettes bien mitonnées au coin du feu sentent bien la France qui rassure. Léa se situe dans une logique sans faille : sans argent, il faut vendre la maison. Ce thème à la Jean-Luc Lagarce (Derniers remords avant l’oubli) est rondement mené par les trois comédiens. Jean-Claude Dreyfus porte en lui une sensibilité à fleur de peau que cache le fichu caractère de Jacques. C’est avec une parfaite cohérence que le jeu théâtral se poursuit dans cette pièce jeune et fraîche de Marilyne Bal dont cette première création promet un avenir dans ce métier. Quant à Dreyfus, ce monstre sacré, il sait comment harmoniser les rôles de chacun et là où il pourrait être tenté de tirer la couverture à lui, ce qu’il n’a jamais fait, il se fait discret à l’unisson de Julia Duchaussoy, comédienne touchante de vérité et de l’excellent Frédéric Quiring qui mènent tous deux avec rythme, fougue et beaucoup d’émotion cette confrontation entre deux générations.C’est là le beau travail d’Anne Bouvier qui dans une mise en scène intelligente et habile fait en sorte que c’est bien le théâtre qui est là, discret soutenue par le joli décor champêtre de la scénographe Sophie Jacob qui comme Jacques travaille à l’ancienne, maquettes faites à la main,jusqu’aux senteurs de lavande dans la salle. En fait, je ne vous ai rien dit de l’essentiel ! Leurs éclats de rires et leurs coups de gueule vous emporteront comme la forte émotion qui se faufile tout au long de cette comédie pleine de fraîcheur. Et au théâtre, la fraîcheur, on en a besoin autant que des légumes frais qu’offre un beau marché de Haute-Provence. Patrick DuCome A découvrir Artistik Rezo : [ Photo : © Alizée Chiappini] |
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