0 Shares 1209 Views

Le Centaure et l’Animal – MC93 Bobigny

17 septembre 2012
1209 Vues
Le Centaure et l'Animal – MC93 Bobigny

Avant de devenir un spectacle, aux frontières du théâtre équestre et de la danse, Le Centaure et l’Animal est le fruit d’une double volonté : celle de Bartabas et du danseur japonais Ko Murobushi de « trafiquer dans l’l’inconnu » et de transcender le théâtre conventionnel au profit d’un cérémonial clair-obscur pour hommes et chevaux. Le Centaure et l’Animal, c’est donc une rencontre fantastique d’où vont naître des tableaux époustouflants d’homme-cheval, de fines pluies de cendres et de corps argenté à la souplesse feutrée.

Sur scène, quatre partenaires danseurs d’un genre spécial, sont conviés à un rituel entre sauvagerie et poésie : les chevaux, Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret. Face à eux, Bartabas et Ko Murobushi, le meilleur spécialiste contemporain du Bûto, la danse de mort de l’ère post-atomique.

Il est question dans ce spectacle d’animalité ; l’animalité comme réalité et obsession au fond de l’homme, l’animalité comme point commun entre le cheval et le cavalier, et par extension comme expression propre d’un être double : le centaure.

Bartabas a choisi l’un des passages les plus éprouvants, les plus barbares et révoltés des Chants de Maldoror de Lautréamont comme vecteur de son ballet sur l’animalité de l’homme. Transperçant la noirceur et le silence de la salle, une voix off récite ce poème tandis qu’à l’avant-scène, Ko Murobushi, le corps merveilleusement ductile, se convulse dans une danse des ténèbres. Gestes et décor minimalistes, instants d’immobilité totale, chevaux qui glissent dans la pénombre comme des spectres de mauvais augure ou les bêtes de l’apocalypse, figure noire déployant des ailes d’Érinyes, tout concourt à plonger le spectateur dans un univers angoissant mais, parfois, hélas, un brin soporifique.

Le Centaure et l’Animal laisse le souvenir de tableaux esthétiquement parfaits. L’intense profondeur de la danse de Ko Murobushi et la force poignante du geste équestre de Bartabas ouvrent un continent inattendu qui propulse le spectateur dans un temps et un espace mythiques d’une profonde et rayonnante beauté.

De ce spectacle, on ressort très serein, plus calme, comme si le souffle qu’expire le cheval, la fine pluie de sable et la prière qui s’élève de la scène avaient contribué à notre retour même à une plus douce humanité.

Gaëlle Matoiri de Bazainville

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=q07CLR5Q-8g[/embedyt]

Le Centaure et l’animal

Conception et mise en scène de Bartabas
Chorégraphie : Ko Murobushi et Bartabas
Musique : Jean Schwarz

Textes de Lautréamont – Extraits des Chants de Maldoror dits par Jean-Luc Debattice

Avec Bartabas, Ko Murobushi et les chevaux Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret

Jusqu’au 22 septembre 2012
Tous les jours à 20h30
Le dimanche à 15h30
Relâche lundi et jeudi

Tarifs : de 9 à 27 euros
Réservation : 01.41.60.72.60

Durée : 1h20

MC93 Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
9, boulevard Lénine
93000 Bobigny
M° Bobigny-Pablo-Picasso

www.mc93.com

Articles liés

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
Agenda
124 vues

“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune

A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Agenda
111 vues

“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins

Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Agenda
111 vues

La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”

Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...