Le Centaure et l’Animal – MC93 Bobigny
Avant de devenir un spectacle, aux frontières du théâtre équestre et de la danse, Le Centaure et l’Animal est le fruit d’une double volonté : celle de Bartabas et du danseur japonais Ko Murobushi de « trafiquer dans l’l’inconnu » et de transcender le théâtre conventionnel au profit d’un cérémonial clair-obscur pour hommes et chevaux. Le Centaure et l’Animal, c’est donc une rencontre fantastique d’où vont naître des tableaux époustouflants d’homme-cheval, de fines pluies de cendres et de corps argenté à la souplesse feutrée.
Sur scène, quatre partenaires danseurs d’un genre spécial, sont conviés à un rituel entre sauvagerie et poésie : les chevaux, Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret. Face à eux, Bartabas et Ko Murobushi, le meilleur spécialiste contemporain du Bûto, la danse de mort de l’ère post-atomique.
Il est question dans ce spectacle d’animalité ; l’animalité comme réalité et obsession au fond de l’homme, l’animalité comme point commun entre le cheval et le cavalier, et par extension comme expression propre d’un être double : le centaure.
Bartabas a choisi l’un des passages les plus éprouvants, les plus barbares et révoltés des Chants de Maldoror de Lautréamont comme vecteur de son ballet sur l’animalité de l’homme. Transperçant la noirceur et le silence de la salle, une voix off récite ce poème tandis qu’à l’avant-scène, Ko Murobushi, le corps merveilleusement ductile, se convulse dans une danse des ténèbres. Gestes et décor minimalistes, instants d’immobilité totale, chevaux qui glissent dans la pénombre comme des spectres de mauvais augure ou les bêtes de l’apocalypse, figure noire déployant des ailes d’Érinyes, tout concourt à plonger le spectateur dans un univers angoissant mais, parfois, hélas, un brin soporifique.
Le Centaure et l’Animal laisse le souvenir de tableaux esthétiquement parfaits. L’intense profondeur de la danse de Ko Murobushi et la force poignante du geste équestre de Bartabas ouvrent un continent inattendu qui propulse le spectateur dans un temps et un espace mythiques d’une profonde et rayonnante beauté.
De ce spectacle, on ressort très serein, plus calme, comme si le souffle qu’expire le cheval, la fine pluie de sable et la prière qui s’élève de la scène avaient contribué à notre retour même à une plus douce humanité.
Gaëlle Matoiri de Bazainville
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Le Centaure et l’animal
Conception et mise en scène de Bartabas
Chorégraphie : Ko Murobushi et Bartabas
Musique : Jean Schwarz
Textes de Lautréamont – Extraits des Chants de Maldoror dits par Jean-Luc Debattice
Avec Bartabas, Ko Murobushi et les chevaux Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret
Jusqu’au 22 septembre 2012
Tous les jours à 20h30
Le dimanche à 15h30
Relâche lundi et jeudi
Tarifs : de 9 à 27 euros
Réservation : 01.41.60.72.60
Durée : 1h20
MC93 Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
9, boulevard Lénine
93000 Bobigny
M° Bobigny-Pablo-Picasso
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