Le Baiser de la Veuve – A La Folie Théâtre
Ils sont trois. Trois anciens camarades de classe qui se retrouvent après plusieurs années écoulées. Le décor ? Tout le long du spectacle le même : l’atelier de recyclage de papier dans lequel travaillent les deux anciens congénères masculins, Georges et Bobby. Puis, arrive l’élément perturbateur, Betty, la belle Betty, la veuve, celle qui était déjà sur les bancs de l’école la plus convoitée de toutes les jeunes filles.
Si les retrouvailles sont souvent l’occasion de se remémorer les doux souvenirs du passé, elles peuvent également voir resurgir d’anciennes rancœurs et parfois même, donner l’occasion d’un règlement de comptes; ce qui semble bien être le cas dans cette histoire. Effectivement l’humeur bon enfant des débuts s’alourdit vite, jusqu’à l’éclosion d’un lourd secret qui va faire virer la pièce du rire au drame.
« La veuve ». La veuve s’est tout d’abord la femme qui porte le deuil de son époux en se revêtant de noir. Mais la veuve en noir s’apparente alors ici rapidement à la veuve noire, araignée des plus redoutées pour sa mortelle morsure. Alors « Le baiser de la veuve », mieux vaudra s’en méfier pour les deux hommes… Sera-t-il doux comme celui d’une femme en deuil accordant son baiser rédempteur, ou mortel comme celui de l’arachnide qui n’aura pas pardonné ?
Tension palpable
L’auteur, déjà à l’origine d’une cinquantaine de pièces traduites et présentées en plus de trente langues, affirme lorsqu’on lui demande quel est son secret à lui : « Mon secret c’est peut-être de penser à l’auditoire quand j’écris. Je ressemble à ces gens et ces gens sont comme moi. Je pose ces interrogations en y ajoutant quelques sourires. Cette façon de faire peut réconforter, parce que le public voit que d’autres vivent ces mêmes histoires. Mais je n’ai pas plus de réponses qu’eux à tout ça. ». Si Israël Horovitz n’a pas la prétention de répondre aux grandes interrogations universelles, il a au moins le mérite d’en fixer certaines dans ses écrits. Caractéristique que l’on retrouve dans la pièce ici présentée.
Dès les premières secondes, dès les premières lueurs sur le décor, dès les premières répliques échangées, le spectateur est comme happé par la tension palpable de cet angoissant huis-clos. Fort heureusement quelques notes d’humour viennent aérer l’atmosphère qui n’en reste pas moins des plus pesantes. Mais attention, le qualificatif n’est point employé dans une perspective péjorative. Bien au contraire ! Qu’il est bon de pénétrer ainsi un spectacle, d’être si emporté dans l’histoire que plus rien ne compte autour et de se laisser porter par l’émotion. Comédie dramatique ? Le terme semble ici des mieux employés.
Un texte très bien tissé, une mise en scène pertinente, mais surtout un jeu des acteurs ahurissant de justesse, qui transporteront avec engouement les spectateurs dans la toile de la veuve !
Jonathan Hoenig
Le Baiser de la Veuve
D’Israël Horovitz
Mise en scène de Rita Neminadane
Avec Nicolas Guignon, Lionel Nizard et Rita Neminadane
Du 3 septembre au 1er novembre 2009
Du jeudi au samedi à 22h
Le dimanche à 18h
Tarif plein : 20 euros // Tarif réduit : 15 euros
Réservations : 01.43.55.14.80
Durée : 1h30
A La Folie Théâtre
6, rue de la Folie-Méricourt
75011 Pairs
M° St Ambroise
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