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L’Avantage avec les animaux, un spectacle en sourdine

18 janvier 2015
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L’Avantage avec les animaux, c’est qu’ils t’aiment sans poser de questions

De Rodrigo Garcia

Mise en scène de Christophe Perton

Avec Vincent Dissez, Judith Henry, Anne Tismer

Jusqu’au 14 février à 20h30
Le dimanche à 15h30

Rêlache le lundi
et le 18 janvier

Tarifs : de 11 € à 26 €

Réservations au
01 44 95 98 21

Durée : 1h45

Théâtre du Rond-Point
2 bis, av. Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

M° Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9)

www.theatredurondpoint.fr

Jusqu’au 14 février 2015

Comment continuer à vivre lorsqu’on a vu passer la mort ? Alors que cette question est d’une terrible actualité, Rodrigo Garcia se la pose en tant que poète enragé de vie mais la mise en scène en atténue la portée.

Le metteur en scène Christophe Perton a mis en scène Koltès, Handke et d’autres auteurs majeurs. Après Notes de cuisine en 2002, il se risque une fois de plus auprès de l’auteur qui exige une scénographie puissante alliée aux mots dans leurs racines. Est-ce ce regard extérieur à la source ? Est-ce le désordre exalté de la langue de Rodrigo Garcia ?

Toujours est-il que ça ne saigne pas, ça ne crie pas, ça ne pleure pas, tout cela direz-vous, même si on y est habitué avec Rodrigo Garcia, on peut s’en passer, mais ce qui pose problème c’est que ça ne transpire même pas. Le public réceptif aux furies et aux passions que déchaîne cet auteur risque ici soit de se recueillir avec scepticisme soit de sommeiller à regret.

La logorrhée verbale devient un chapelet de mots, une litanie en sourdine. La sourdine dans le lexique musical, c’est ce qui modifie le timbre d’un instrument et en feutre la puissance. C’est ce qu’a voulu semble-t-il Christophe Perton. On peut certes être absorbé par cette ambiance ouatée dont les mots mêlent cynisme, violence, beauté, humour, le tout dans un flot de poésie, mais il faut un effort d‘écoute particulier et contraignant, une pénible volonté de concentration qui nous prive de l’emportement et de l’abandon au spectacle.

La scénographie à l’opposé des propositions démesurées de Rodrigo Garcia joue tout en tonalité modérée : images, déplacements, jeu vocal. L’homme et les deux femmes sont sur un bout de terrain de basket et s’envoient le ballon comme ils s’envoient la balle verbale. Dans un registre monocorde et monotone. Hormis quelques moments où ils se lâchent corporellement – la danse d’Anne Tismer et la silhouette souple de Vincent Dissez introduisent un mouvement où enfin on décolle –, ils demeurent grillagés à l’image de la clôture qui enserre le plateau.

Le texte est pourtant là, puissant en réflexions jaillissantes, drues, intenses et belles, mêlant à la langue de Rodrigo Garcia des phrases de Robert Walser, Francisco de Quevedo… Mais cette sourdine constante apposée sur le spectacle et les comédiens nous frustre. Elle étouffe ce qui devrait passer entre la scène et les spectateurs. À croire que Christophe Perton ne voulait pas gêner le public par un haut niveau sonore et visuel, craignant peut-être les réactions véhémentes parfois suscitées par l’intensité de Rodrigo Garcia. Il nous donne le sentiment que l’on passe à côté de quelque chose. Non pas à côté de la mort comme le veut le thème de la pièce, mais à côté de l’auteur. Espérons y revenir vite et l’empoigner pleinement.

 
Émilie Darlier

   

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