Comme son nom l’indique : un spectacle décapant de Laurent Lafitte
Un humour noir
Vous hésitez tout le long du spectacle : devez-vous grincer les dents ou éclater d’un rire franc, au risque de passer pour quelqu’un sans morale auprès de vos voisins ? Le nouveau spectacle de Laurent Lafitte, Comme son nom l’indique, va loin dans l’humour noir, écrasant sur son passage mièvrerie et politiquement correct. Méchanceté, petitesse, faiblesse et pathétique règnent sur scène… pour le plus grand bonheur du spectateur ! Car si l’on rit de bon cœur, c’est sans doute parce que l’on se reconnaît tant dans ces portraits interprétés avec talent et justesse.
Portraits au vitriol
Excellent comédien, il donne vie à de multiples personnages sans aucun liens les uns avec les autres. Il y a d’abord la grand-mère odieuse qui, à coup de phrases cassantes, humilie sa fille et sa petite-fille. D’un sketch à l’autre, nous passons de la méchanceté gratuite de cette bourgeoise insupportable, à l’homosexuel qui comble sa terrible solitude dans les backrooms des boîtes de nuit ou grâce au sexe au téléphone. Sentiment de malaise parfois du spectateur face à la détresse, si drôle pourtant, de ses personnages. Et le rire jaillit, franchement cette fois, lorsqu’il interprète le chorégraphe du Lido qui martyrise ses danseuses ou encore lorsque le comique imite le comique. Dans la dernière scène, sûrement la plus construite, Laurent Lafitte interprète cette fois une ancienne droguée, qui pour l’anniversaire de son neveu étale ses souvenirs. Ex beatnik, rescapée des sixties, en quête perpétuelle d’adrénaline et d’excitant, le personnage est émouvant de solitude. « Je m’emmerde » conclue cette nostalgique d’un autre temps. Paradoxe de cette phrase finale alors que le succès, dans la salle, est à son comble.
Un spectacle politiquement incorrect
Jusqu’à la toute fin du spectacle, Laurent Lafitte se joue de nous et de lui-même. Sourire conquérant, toutes dents dehors, il utilise sa ressemblance avec Miche Leeb en vendant ses services de comique. Laurent Lafitte agit comme un souffle d’air, quitte à être glaçant parfois. Cette composition des portraits, précise et ciselée, nous renvoie à notre égocentrisme et à notre petitesse. Mais heureusement le rire est là, pour nous sauver, juste à temps… Si nous sommes encore capables d’en rire, c’est peut être que notre cas n’est pas désespéré !
Auteurs : Laurent Lafitte et Cyrille Thouvenin
Metteurs en scène : Laurent Lafitte et Cyrille Thouvenin
Jusqu’au 25 avril 2009
Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 21h30
Prix : 20€
Réservations : 01 42 02 27 17
Palais des Glaces
37, Rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Métro : République, Goncourt
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