La visite de la vieille dame – Théâtre du Vieux-Colombier
La visite de la vieille dame De Friedrich Dürrenmatt Mise en scène de Christophe Lidon Avec Yves Gasc, Simon Eine, Gérard Giroudon, Michel Favory, Christian Blanc, Céline Samie, Christian Gonon, Danièle Lebrun, Samuel Labarthe, Noam Morgensztern, Didier Sandre, Pauline Mereuze et Fabrice Colson et Xavier Delcourt Jusqu’au 30 mars 2014 Théâtre du Vieux-Colombier |
![]() Friedrich Dürrenmatt, le grand auteur suisse de langue allemande, a écrit cette pièce en 1955. Non sans correspondance avec l’autrichien Thomas Bernhard, il excelle à dévoiler pas à pas les sordides et cruels recoins de la morale et des comportements humains. Il conte avec férocité cette histoire où se mêlent le faste et la lâcheté, l’avidité et l’hypocrisie, la bonhomie et le crime. Faut-il tuer le vieil Alfred ? Quid de la vengeance ? Les questions de la justice et de l’oubli s’enchevêtrent lentement, au rythme de la petite vie de village, et tout l’art de l’auteur tient à cette fine trame qui déploie subtilement les nœuds les plus grossiers de l’homme. On rit des excès de la vieille dame pétulante tout autant que la conscience grince sous les tartufferies des hommes de science et représentants du pouvoir, pasteur, professeur, juge, notables et édile. Les comédiens sont dirigés dans la retenue et la nuance, Christophe Lidon s’attachant à montrer la communauté villageoise en son existence apparemment brave. Le couperet qui monte lentement est d’autant plus terrible qu’il avance sans gesticulations. L’option qui consiste à rester dans une drôlerie tragique sans jamais souligner excessivement l’une ou l’autre facette permet une lecture fine qui prend une ample résonance. L’horloge qui trône sur le quai de la gare est celle du temps intime et collectif. Le temps de la vieille dame s’est arrêté sur cette cruelle douleur de jeunesse, et le temps de l’humanité revient aussi sans cesse sur ces dilemmes comi-tragiques toujours d’actualité. Mené par les acteurs au jeu sobre qui évite les ficelles sommaires de la farce, le conte se déroule pour que le spectateur se glisse à son tour dans ce malaise lourd d’interrogations. Au milieu de ce délabrement humain, de belles images, là encore délicates et sans surlignage, se dessinent. Ainsi, dans un tableau en haut de scène, sous les branches d’un arbre stylisé, on voit les vieux amants se souvenir de ce qui fut tout de même envers et contre tout, une histoire d’amour. Au final, chacun a des comptes à rendre, envers l’autre et envers lui-même, et cette pièce sans bruit ni fureur fait entendre les noces funestes qui peuvent taper au cœur de l’homme. Isabelle Bournat |
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