La Saga des masques au théâtre du Petit Saint Martin
Après les avoir observé lors des cessions d’improvisation, il a su cerner leurs contours et leur tailler des personnages sur mesure ; Les comédiens incarnent à la fois leur propre rôle mais aussi celui de tous les comédiens, ceux qui sont aux prises avec leurs angoisses, leur ego et leurs rêves de gloire. Sur un ton léger et drôle, chaque personnage exprime la détresse qu’éprouvent à l’unisson à un moment ou un autre ceux qui se destinent à une carrière de comédiens.
En guise de décor, des portants métalliques montés sur roulette où s’entassent une multitude de vêtements colorés, des costumes négligemment rangés d’où dépasse une manche froissée, un col de travers ou encore un volant usé. On y devine de manière suggestive tous ceux qui ont porté ces vêtements, tous les personnages qui ont épousé le tissu afin d’incarner tel ou tel rôle ; puis l’abondon, l’inertie dans laquelle ils sont plongés une fois les lumières éteintes.
C’est bien de l’envers du décor dont il est question dans cette pièce, un envers pas toujours flamboyant et pailleté. Un envers où Fauvette Pipistrelle, chanteuse de cabaret aux textes réalistes, se laisse aller à l’angoisse amère de faire face à son public. Sa voix ne sonne plus juste et son souffle est court. Cette femme adulée sur scène se transforme en une petite fille perdue et apeurée quelques instants à peine avant de rentrer dans l’arène.
Mirette Cassis, souffre de son côté du complexe du rôle unique ; de la frustration de la comédienne cantonnée au même personnage ; celui de la bonne à la réplique unique, « Madame est servie ». Sur La scène du petit Saint Martin, elle se laisse aller à son désespoir, elle est prête à tout, même au pire, pour espérer sortir un jour de sa case de perpétuelle figurante. Pourquoi pas un premier rôle ? Pourquoi pas elle ?
Les performances se suivent, mais ne se ressemblent pas. Tantôt dramatiques souvent burlesques et toujours très drôles, les sagas expriment le caractère multiple des métiers de la scène.
Le texte est tranchant, incisif et plein de finesse ; le cliché y est une arme à contre-emploi, l’humour un digestif corsé et savoureux face au pathétique des différentes situations.
Le public est tenu aux aguets, et est sollicité en permanence par les acteurs, par les jeux de lumière, par l’envie de découvrir ce qui se cache derrière le costume. Dans l’attente que le masque tombe, il fait partie intégrante de la pièce et se laisse surprendre par des apparitions soudaines, dans son dos face à lui, tout semble possible, le drôle de rêve se donne tous les droits.
Une mise en scène dynamique dans un mouvement perpétuel est joyeusement ficelée pour le plus grand plaisir du spectateur.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous invitons à découvrir : Calibre Cornflexe, Barnum Colt, Vénus Caddy, Fauvette Pipistrelle, Lila Lila, Mirette Cassis, Passiflore Jane, Cubitus Flash, Cartoon Rivers et Sibylline Drama au théâtre du Petit Saint Martin.
Louisa Ould
Ecrit par Marc Delaruelle
Mise en scène Bernard Pigot
Avec : Xavier Bazoge, Moustafa Benaïbout, Laura Domenge, Clémence de Vimal, Pauline Ferrara, Christopher Imbert, Cécile Martin, Jennifer Gabriel, Amélie Piot Vincent Steinebach, Emile Vachon.
Produit par la Compagnie Drôle de Rêve
Du mardi au samedi à 20h40, dimanche à 17h. Réservation au
Du 7 au 30 avril 2009
Théâtre du Petit Saint Martin
17 rue René Boulanger
75010 Paris
Métro République / Strasbourg Saint de Denis
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