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La nuit juste avant la forêt au Théâtre de Poche

4 décembre 2016
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lanuit

La nuit juste avant la forêt

De Bernard-Marie Koltès

Mise en scène de Jena-Pierre Garnier

Avec Eugène Marcuse

Jusqu’au 7 janvier 2017

Tarifs : 1à à 26 euros

Réservation par tél : 01 45 44 50 21

Durée : 1h15

Théâtre de Poche- Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
M° Montparnasse

www.theatredepoche-montparnasse.com

Jusqu’au 7 janvier 2016

Monologue de Bernard-Marie Koltès, La nuit juste avant la forêt s’étire en une immense phrase sans ponctuation et peu aisée d’accès. Mais quand un jeune comédien fébrile tel qu’Eugène Marcuse s’en empare, l’ obscurité s’électrise et prend vie avec urgence.

C’est à 28 ans que Koltès a écrit ce texte que Chéreau lui-même commença par trouver difficile à
appréhender, avant de le monter magnifiquement en 2011 avec Romain Duris. Au final assez peu proposé et peut-être quelque peu écrasé par Combat de nègre et de chiens, ce monologue dense aux allures déconcertantes a besoin d’un comédien qui soit à la fois jeune et prêt à galoper dans les mots comme devant la mort.Eugène Marcuse mis en scène par Jean-Pierre Garnier possède cette rage junévile. Il incarne avec nervosité l’homme dont on comprend peu de choses si ce n’est qu’il s’adresse à un inconnu qu’il vient de rencontrer et qu’il cherche une chambre pour la nuit. Or, c’est précisément dans ce flou qu’il faut accepter d’entrer afin de se sentir le destinataire particulier de ce soliloque d’animal blessé, ivre, égaré, agressé.

la nuit 2Sur scène, des morceaux d’un miroir brisé reflètent les nombreuses ampoules qui pendent irrégulièrement du plafond. Sur le côté, une chaise rouge renversée et une corde font planer une imminence, au fond une couverture de survie brille en attendant de recouvrir le comédien. Celui-ci d’abord comme empêtré ou paralysé dans un mouvement arpente ensuite le plateau en félin souple.Son long corps épouse la cascade du texte dans un affolement contrecarré par son visage ingénu. On se sent absorbé par cette innocence offerte mêlée à l’aveu de fantasmes, d’expériences et d’amours qui pèsent lourds, comme un trop plein pour cet homme adulte encore enfant.

En première année de Conservatoire National, Eugène Marcuse sait se faufiler dans ces confessions
obscures et il en assume le caractère répétitif avec un naturel qui émeut. Il parcourt sa dernière nuit avec une lueur dans la voix tout autant que dans la gestuelle agile, dansante parfois puis tourmentée. Sa révolte et sa mise en danger de lui-même s’achèvent dans un tremblement de jeune écorché prêt à tomber dans la mort en rêvant de douceur. Cette périlleuse complexité vient saisir et toucher le spectateur. Jean-Pierre Garnier habilement a dirigé le comédien pour en extraire la force sauvage en intimité avec sa fragilité, que les jeux de lumière d’Yves Collet mettent en relief avec éclat. On avait déjà vu Eugène Marcuse il y a peu dans le cabaret Le boeuf sur le toit et sa distribution dans ce monologue d’envergure le confirme en jeune comédien plein d’avenir lumineux.

Emilie Darlier-Bournat

[Créditi Photo : © DR]

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