La Mort de Tintagiles : un conte ensorcelant
La Mort de Tintagiles De Maurice Maeterlinck Mise en scène de Denis Podalydès Avec Christophe Coin, Adrien Gamba Gontard, Garth Knox, Leslie Menu et Clara Noël Jusqu’au 28 mai 2015 Du mardi au samedi à 21h, samedi à 15h30 Tarifs : de 11 à 30 € Réservation au Durée : 1h30 Théâtre des Bouffes du Nord M° La Chapelle |
Jusqu’au 28 mai 2015
Aux Bouffes du Nord, une étrange cérémonie prend place chaque soir. Denis Podalydès est le metteur en scène de ce conte enfantin et très noir, dont l’enfant marionnette n’est que le jouet de forces obscures dans l’univers sidérant de Maurice Maeterlinck. Un conte médiéval et fantastique Chez Maeterlinck (1862-1949), écrivain belge influencé par les poètes symbolistes Mallarmé et Villiers de l’Isle-Adam, qui reçut le prix Nobel en 1911, la délicatesse du texte est constamment irriguée par un halo de mystère et de fantastique, plongeant le lecteur ou le spectateur dans un ailleurs plutôt nordique où les sorcières poursuivent les petits enfants dans des forêts obscures, mais où l’amour, la fraternité et la mort jouent des rôles prédominants. Pelléas et Mélisande et La Princesse Maleine sont des sommets de son inspiration symboliste. La Mort de Tintagiles raconte l’histoire d’un enfant, Tintagiles, pressé par une grosse reine de retourner dans un vieux château perché sur une colline et hanté par des forces maléfiques. “Ta première nuit sera mauvaise, Tintagiles”, commence à écrire l’écrivain. Malgré son innocence, malgré l’amour infini de ses deux sœurs et leurs bras protecteurs, l’enfant endormi sera livré par des servantes invisibles à la cruauté de la reine qui lui infligera la mort. Une mise en scène musicale Denis Podalydès a voulu s’entourer du musicien Christophe Coin, violoncelliste, compositeur et grand connaisseur du répertoire baroque, et de Garth Knox, altiste et virtuose de la viole d’amour, qui sculptent tous deux l’espace et ponctuent les scènes de moments musicaux superbes. Plaintes, cloches des morts, nocturnes de Cools, Bartok, Nouguès ou Satie sont quelques-uns des nombreux compagnons de cette aventure où la mort se rend victorieuse de l’amour. Une scénographie sophistiquée plonge la scène dans les ténèbres, avec des trouées d’eau sur le plateau et un haut plafond percé d’une lumière blanche (Olivier Brichet). Les comédiens Adrien Gamba Gontard, qui prête sa présence chaude et sa voix à la marionnette de Tintagiles, Leslie Menu qui joue Ygraine et Clara Noël, Bellangère, sont les protagonistes talentueux de ce spectacle exigeant, sombre et lumineux à la fois. En prologue, Pour un tombeau d’Anatole de Stéphane Mallarmé rend hommage à la beauté chaotique des vers libres écrits par le poète après la mort de son fils de 8 ans. Quand les mots dessinent vainement une éternité. Hélène Kuttner [Photos © Pascal Gely] |
Articles liés
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...