« La Maison et le zoo » : une histoire d’animaux
La Maison et le zoo D’Edward Albee Mise en scène de Gilbert Désveaux Avec Jean-Marc Bourg, Xavier Gallais, Fabienne Périneau Jusqu’au 28 juin 2015 Tarifs : de 11 à 30 € Réservation au Durée : 2h05 Théâtre du Rond-Point M° Franklin D. Roosevelt www.theatredurondpoint.fr |
Jusqu’au 28 juin 2015
Au Théâtre du Rond-Point, le metteur en scène Gilbert Désveaux présente un duo de pièces écrites à cinquante ans d’intervalle mais qui sont présentées dans un même spectacle. Histoire de célébrer le talent et la carrière d’Edward Albee, né en 1928, avec ces deux pièces qui aujourd’hui forment une suite très contemporaine dans la traduction de Jean-Marie Besset.
Sexe, désir et animalité Comme ils sont sages, ces deux jeunes WASP (White Anglo-Saxons Protestant) dans leur appartement de l’Upper East Side de New York ! Elle (Fabienne Périneau), longue et blonde dans son pantalon en coton blanc, assise négligemment dans leur salon au mobilier à l’allure clinique (scénographie Annabel Vergne), est éditrice. Lui, Peter (Jean-Marc Bourg), cadre dans une maison d’édition scolaire, épluche les 400 pages d’un pensum académique. Rien ne bouge, pas un pli ne vient s’incruster sur la peau de leur visage, mais on sent qu’Anne trépigne, cherche à entrer en contact avec son mari. De quoi souhaite-t-elle l’entretenir ? Pourquoi ces allées et venues de la cuisine au salon, de la chambre des filles à la cuisine ? On mettra un peu de temps à le savoir, mais comme souvent, Anne fait exploser son insatisfaction envers son époux. Trop lisse, elle le souhaite plus animal. Trop sérieux, elle le souhaite sauvage, brutal, torride dans leur sexualité, animal dans leur approche charnelle, félin dans l’expression de leurs désirs. Le vernis d’une société policée La pièce s’achève lorsque Peter sort pour lire au parc et rencontre Jerry (Xavier Gallais), un hurluberlu qui semble échappé d’un asile. Cette rencontre est le thème de Zoo story, la première pièce d’Albee écrite en trois semaines en 1958, qui joue sur l’absurde en même temps qu’elle révèle les bas-fonds inconscients et primitifs d’une société qui refuse ses instincts barbares. Le comédien Xavier Gallais compose un Jerry haletant et roublard, pris d’une logorrhée et d’une excitation perverse, racontant des histoires hallucinantes ou anecdotiques et qui bouscule le cadre conventionnel de Peter et de son gentil banc public. Ces deux pièces qui s’enchaînent dans le même décor apportent-elles un intérêt à la compréhension des thèmes et des histoires ? Car il s’agit de sexe, de vie et de mort. On a plutôt l’impression d’une première partie assez conventionnelle qui ne devient saisissante que lorsque les personnages révèlent leurs failles, les secrets de leur bestialité. De même dans la seconde partie, malgré la prestation de Xavier Gallais, la tension peine à se faire sentir dans cette spirale qui doit conduire à l’ultime événement. Une mise en scène trop lisse peut-être pour nous faire ressentir les frustrations des personnages et leurs névroses. Hélène Kuttner [Photos © Giovanni Cittadini Cesi] |
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