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La Magie lente : un éblouissement

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Au Théâtre de Belleville, Pierre Notte met en scène le comédien Benoit Giros dans un monologue vertigineux de Denis Lachaud, celui d’un homme revenu des enfers d’un traumatisme familial grâce à la magie lente de la psychanalyse. Le texte est brillant et l’interprétation magistrale.

Des hallucinations

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Comment vivre quand on passe son temps à entendre des voix, à avoir des hallucinations, à se sentir touché, épié, dans la rue, dans le métro ? La psychiatrie a rendu Louvier schizophrène, cela arrangeait tout le monde car la société adore placer les gens déviants dans des cases, avec des noms de code, comme pour mieux s’en débarrasser. Il se trouve que Louvier, toujours angoissé, ne s’est pas contenté de ce faux diagnostic, ni des calmants qui l’abrutissaient et s’en est allé voir ailleurs. C’est l’histoire de cette rencontre avec un nouveau psychiatre que raconte la pièce de Denis Lachaud, en faisant parler le personnage principal, Louvier, dont nous suivons la longue plongée biographique, une apnée dans le paradis obscur de l’enfance et les enfers pervers de ses grandes vacances. Grâce au nouveau psychiatre, comme par une « magie lente » (Sigmund Freud) opérée par la psychanalyse, notre héros élucidera le mystère de ses « hallucinations » récurrentes et dévoilera le terrible secret familial qui dévore sa vie.

Vivre avec la haine

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Le comédien Benoit Giros incarne Louvier, ainsi que tous les autres personnages qui gravitent autour de son histoire. Fragile, naviguant à vue entre certitudes et mystères, aveux et trous noirs, il est cet homme auquel on a dérobé son enfance en lui infligeant la plus terrible des violences, son intimité sexuelle. S’emparant d’un texte magnifique, qui alterne la douceur et la crudité des mots en un flux ininterrompu de paroles vitales et sanguines, aussi vivant qu’un battement de cœur, le comédien traverse toutes les étapes de la fiction, des mensonges, de l’histoire familiale et de la soudaine révélation à l’âge adulte avec une palette éblouissante dans le jeu, surfant sur la folie, l’angoisse, l’ironie et l’horreur. Il est tout simplement éblouissant de justesse et de vérité, très subtilement dirigé par Pierre Notte dans un dispositif scénique simplissime. Il faut courir découvrir ce spectacle qui partira ensuite au Festival d’Avignon, pour la grâce d’un acteur éblouissant, pour ce texte si fort et si juste, pour cette magie si puissante.

Hélène Kuttner

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