Ce ballet pantomime hérité du XVIIIème siècle est une sorte de comédie ou farce dansée dont on se demande comment l’intrigue, si simple et maintes fois rencontrée, peut encore captiver et séduire. La jeune Lise, promise à l’un par sa mère en aime un autre, Colas. C’est donc ensemble que les tourtereaux vont devoir ruser pour déjouer les plans d’une Mère Simone cupide et bécasse, et pour triompher enfin, dans un mariage d’amour.
Cette version très anglaise du maître Frederick Ashton détourne l’harmonie élitaire du geste classique, et ce au bénéfice d’une harmonie légère, à la fois sautillante, précise et amusante. Le chorégraphe a ainsi pris le parti d’une peinture joyeusement dansée de la passion modeste mais réelle, d’une passion vécue en grâce par de petites gens. C’est alors que tendus entre pastiche et vérité, le décor, les mouvements et les jeux font retentir ce ballet comme une symphonie pastorale qui touche en même temps qu’elle acquiert une valeur sociologique et universelle.
La pastorale, c’est ce genre délicat qui revêt un charme et une poésie d’antan a priori bien éloignés de nos préoccupations contemporaines. Le génie d’Osbar Lancaster est d’avoir su imaginer des costumes et décors ravissants d’allier traditions, couleurs et candeur. Les danseurs qui évoluent dans le village, dans les champs puis dans le salon de Mère Simone au deuxième acte, se déploient dans un univers emprunt d’une douceur onirique. Des costumes de basse-cour qui habillent certains d’entre eux jusqu’aux contours naïfs des toitures et des nuages, tout sur cette scène immerge dans un univers enfantin, dans un paysage rural dont les traits et figures rappellent les premiers dessins de Walt Disney. La pastorale est donc réveillée et réhabilitée par une scénographie originale, capable d’atteindre notre modernité tout en se dessinant respectueuse d’une tradition et d’un genre littéraire.
Par la danse d’abord, ce qui n’étonne pas vraiment à l’Opéra de Paris, mais par le jeu aussi, les interprètes de ce ballet lui permettent d’aboutir en vivacité. En effet, tous les danseurs de La fille mal gardée et plus particulièrement la première danseuse Myriam Ould-Braham et l’étoile Mathias Heymann, dans les rôles de Lise et Colas, font montre d’un jeu d’acteur d’une grande qualité. Ils réussissent à susciter l’amusement par leurs moues espiègles, tout en ne se privant pas d’épater par leurs performances classiques et d’attendrir dans de puissants duos d’amour. Les danseurs ici, se font également acteurs et personnages de cirque ou de cabaret, puisqu’ils s’adonnent avec autant d’entrain au mime, aux claquettes, et à des tours de pistes étourdissants de pirouettes, de grands écarts jetés fondus et enchaînés avec majesté.
La Fille mal gardée est un ballet d’action, un savoureux mélange de « belle danse » et de théâtre. Mais c’est encore une occasion délicieuse d’amener les enfants à découvrir les charmes de la danse classique tout en les distrayant. Un ballet d’une grande valeur donc, haut en couleur et fort en impulsions ; d’une joie rare et d’une douceur inouïe !
Christine Sanchez
La Fille mal gardée, ballet en deux actes d’après Jean Dauberval
Musique Louis Joseph Ferdinand Hérold
Chorégraphie Frederick Ashton
Aves Les Etoiles, Premiers Danseurs, et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Direction musicale Barry Wordsworth
Durée du spectacle 2h
Du 27 juin au 15 juillet 2009 à 19 h 30
Détail : 27, 29, 30 juin, 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15 jui 2009, à 19h30.
Location :
par Internet, rubrique « billetterie »
au téléphone avec un opérateur en appelant le 0 892 89 90 90 (0,34€ la minute) tous les jours de 9h à 18h et le samedi de 9h à 13h ou le +33 1 71 25 24 23 depuis l’étranger.
aux guichets du Palais Garnier, à l’angle des rues Scribe et Auber, et de l’Opéra Bastille, 130, rue de Lyon
tous les jours de 10h30 à 18h30, sauf les dimanche et jours fériés.
Tarifs : de 6 à 85 euros
Palais Garnier
Place de l’Opéra
75009 Paris – Métro Opéra