La danse 2017/18, les vingt et un incontournables
2017/18 : une saison riche en créations osées et engagées, et du grand spectacle, avec Pina Bausch, Alonzo King ou Dimitris Papaioannou, nouvel enfant prodige, et bien sûr Anne Teresa De Keersmaeker. Et Carolyn Carlson. Et José Montalvo… Voici pour vous une sélection des meilleurs rendez-vous chorégraphiques jusqu’au mois de juillet 2018, quand la saison s’achèvera au Théâtre des Champs-Élysées, avec Pina Bausch.
1) Ballet de l’Opéra de Lyon, MAC Créteil : Programme Forsythe / Brown / Bel, 29 novembre-2 décembre
Et Jérôme Bel de créer pour la superbe troupe dirigée par Yorgos Loukos, en écho à deux références absolues du XXe siècle. Non sans pieds de nez à la tradition du ballet et son héritage. Bel a fait de l’ironie et de la liberté d’esprit le moteur de ses créations et s’apprête déjà à une nouvelle espièglerie savante.
2) Jan Martens, Rule of Three, Théâtre de la Ville / Espace Cardin, 9-15 novembre
La danse comme une aventure, un conte de fées moderne, en zapping et sous les yeux d’un compositeur-batteur parfaitement improbable. Avec Martens, la scène belge montre qu’elle sait se réinventer une fois de plus et qu’elle a de quoi nous passionner à l’avenir comme elle le fait depuis plus de trente ans.
3) Euripides Laskaridis, Titans, Théâtre des Abbesses, 30 novembre-2 décembre
On découvre ici une nouvelle étoile au firmament grec, avec le talent de créer des images troublantes et fascinantes, comme chez Dimitris Papaioannou, son mentor, et comme jadis chez le jeune Romeo Castellucci.
4) Alexander Ekman, Play, Opéra Garnier, 6-31 décembre
La Suède avait offert au monde de la danse un certain Mats Ek. Voici Ekman, Alexander. Et il a en effet été invité à créer pour le Cullberg Ballet de Mats Ek, comme pour le Ballet du Rhin, les Ballets de Monte-Carlo, les ballets de Vienne, de Sao Paulo, de Sydney, de Chicago et tant d’autres. Et maintenant Paris, le Ballet de l’Opéra.
5) Lia Rodrigues, Pindorama, Chaillot, 19-22 décembre
Les danseurs se laissent emporter par des flots d’eau imaginaires et pourtant réels. Au milieu des spectateurs, se déroule un rite, tel un rêve, une évocation d’une société originelle dans toute sa pureté et le risque d’être balayée par la “civilisation”. Par la peau nue et une énorme bâche, Lia Rodrigues crée une poésie dont elle a le secret.
6) Tero Saarinen, Morphed, Chaillot, 18-20 janvier
Le passage du plus célèbre chorégraphe finlandais s’inscrit dans un focus nordique au Théâtre National de la Danse (Chaillot). Morphed évoque les forces irrésistibles de la nature de ces paysages battus par les vents et la neige, en belle intelligence avec la musique symphonique contemporaine d’Esa-Pekka Salonen. Et on est balayé à son tour…
7) Anne Teresa De Keersmaeker et Salva Sanchis, A Love Supreme, Théâtre de la Ville / Espace Cardin, 9-20 janvier
Sur la musique de John Coltrane, quatre danseurs se lancent dans une fusion si profonde avec chacun des quatre instruments et l’esprit de cette ode à la spiritualité qu’on croit voir ressurgir les musiciens sur le plateau. Sans mimesis aucune !
8) José Montalvo, Carmen(s), MAC Créteil, 24-27 janvier et Chaillot, 1er-23 février
Fils de réfugiés espagnols, José Montalvo n’imagine pas un spectacle de danse sans joie de vivre et énergie flamboyante. Il apporte son point de vue sur la célèbre histoire de la femme fatale andalouse, fantasmée par Prosper Mérimée, pour un feu d’artifice chorégraphique.
9) (La)Horde, To da Bone, MAC Créteil, 2-3 février
La danse virulente des jumpers, jeunes adeptes de YouTube et rebelles potentiels. L’intrigant collectif français (La)Horde a inventé la première chorégraphie collective pour ces sauteurs solitaires. La version courte a été lauréate au concours Danse élargie. La version longue est attendue avec impatience.
10) Wang Ramirez, Dystopian Dream, Théâtre de la Ville / Espace Cardin, 25 janvier-4 février & 22-26 mai
Le duo multiculturel post-hip-hop Honji Wang et Sébastien Ramirez s’associe à une star majeure de la musique pop fusion britannique : Nitin Sawhney. Sur scène, une chanteuse, les deux danseurs et des projections graphiques stupéfiantes créent un ensemble organique et fascinant, musical, chorégraphique et visuel à la fois.
11) Fattoumi Lamoureux, Oscyl, Chaillot, 22-24 février
Épure, beauté de la forme et du geste. Sept sculptures apparemment animées d’une vie intérieure qui pourraient éclater à tout instant. Le tout est d’une élégance parfaite qui permet de ressentir le trouble d’une danse avec des partenaires graphiques et fabuleux. Une pièce de toute beauté et d’une maturité absolue.
12) Annabelle Bonnéry, Two, Seul, Chaillot, 15-17 février
Inspirée d’un voyage au Burkina Faso, cette rencontre entre danseurs, musiciens et contre-ténor dans un bain d’argile et sur un tapis de briques rouges s’inspire d’un rituel pour les défunts. Une aventure artistique et humaine d’une beauté toute particulière, sur une adaptation du Stabat Mater de Vivaldi.
13) Millepied/Béjart, Opéra Bastille, 24 février-24 mars
Le magnifique Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied fut son grand succès, intervenu quasiment en même temps que sa nomination à la tête du Ballet de l’Opéra. La reprise, qui intervient alors que Millepied a dû quitter la maison, est un autre gage de la qualité de cette création, tout autant que le fait qu’elle est ici associée à ce chef-d’œuvre universel qu’est le Boléro dans la version de Maurice Béjart.
14) Alonzo King, The Propelled Heart, Chaillot, 9-16 mars
C’est toujours un immense plaisir de retrouver le fameux Alonzo King Lines Ballet, ici accompagné d’une chanteuse lyrique. Il s’agit de Lisa Fischer, qu’on a déjà entendue aux côtés des Rolling Stones et de Sting. Comme toujours chez King, le raffinement du mouvement est ici une source d’émotions infinies. The Propelled Heart est à regarder avec les yeux et avec le cœur.
15) Dimitris Papaioannou, The Great Tamer, Théâtre de la Ville à la Villette, 20-23 mars
Retour à Paris de la star du moment, devenue indispensable sur tous les festivals. Avec Still Life, il a fait un triomphe au Théâtre de la Ville grâce à son théâtre de gestes et d’images, si riche en histoires et en philosophie car enraciné à la fois dans la mythologie grecque et dans la vie actuelle. The Great Tamer prolonge ce voyage extraordinaire et est bel et bien l’événement de la saison.
16) Pina Bausch, Orphée et Eurydice, Opéra Bastille, 24 mars-6 avril
Au répertoire de l’Opéra de Paris depuis 2005, cet opéra dansé de Pina Bausch sur la musique de Christophe Willibald Gluck reste une œuvre à part dans le répertoire de la grande dame du Tanztheater allemand. Une de ses premières créations, datant de 1975, de cette période où elle travaillait dans un lien fort avec le répertoire musical.
17) Carlson, Crossroads to Synchronicity, MAC Créteil, 11-12 avril
En 2012, Carolyn Carlson crée Synchronicity, où sa danse si fine et précise rencontre l’art de plusieurs artistes visuels travaillant à la célèbre école du Fresnoy. Un condensé de poésie et de petits troubles de l’âme et de la perception. Carlson recrée cette pièce aujourd’hui pour interroger de nouveau les petites graines imprévisibles qui s’immiscent dans la vie de chacun pour la faire basculer, faisant du bien ou du mal.
18) Liquid Loft, False Colored Eyes, Chaillot, 3-5 mai
L’Autrichien Chris Haring est un magicien absolu de l’image en définition ultra-haute. Mais chez Liquid Loft, la compagnie de Chris Haring, la technologie est toujours au service d’une vraie surprise artistique.
Haring s’inspire ici de la subversion d‘Andy Warhol et réinvente une fois de plus le rapport entre les danseurs et leur propre image filmée.
19) Cloud Gate Dance Theater, Formosa, Théâtre de la Ville à la Villette, 30 mai-2 juin
Charme et sagesse ! Lin Hwai-Min, grand ambassadeur de la profondeur culturelle taïwanaise et de son rapport à la nature éternelle, réunit ici deux arts, la danse et la calligraphie. Comme son titre l’annonce, Formosa rend hommage aux paysages et aux traditions de l’île, dans leur lien organique avec la vie urbaine actuelle.
20) Ballets de Monte-Carlo, Le Songe, Chaillot, 8-15 juin
Jean-Christophe Maillot est tout simplement le chorégraphe et directeur de troupe le plus mature, le plus stable et le plus équilibré du monde du ballet. Avec Le Songe, il amène un de ses chefs-d’œuvre incontestés et bien sûr sa compagnie, où l’excellence technique est toujours au service des personnalités.
21) Pina Bausch, Nefés, Théâtre de la Ville au Théâtre des Champs-Élysées, 2-12 juillet
Où la poétique bauschienne prend appui sur le Bosphore, en hommage à Istanbul et une sensation particulière, celle de flotter en l’air et de pouvoir plonger ou s’écrouler à tout instant. Cette insoutenable légèreté est à (re)voir absolument, en tenant compte du parcours de la Turquie sous Erdogan. Sensations fortes garanties.
Thomas Hahn
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