La Conversation – Théâtre Hébertot
C’est l’adaptation d’un livre au titre éponyme paru aux Editions Héloïse d’Ormesson en septembre 2011. L’académicien Jean d’Ormesson y a imaginé une conversation entre Bonaparte et Jean-Jacques Régis de Cambacérés. Bien que fictive, celle-ci se nourrit de propos authentiques issus de journaux intimes et de Mémoires de Bonaparte. Nous sommes aux Tuileries, au lendemain du 18 Brumaire (hiver 1803/1804). Le Premier Consul y tente de convaincre son deuxième Consul , complice à qui il ne cache rien et demande tout, d’adhérer à son projet visant à asseoir sa légende de son vivant en créant un Empire.
Bonaparte, pas encore Napoléon donc, audacieux, conquérant, déterminé… mais aussi pédant et mégalo, est un brillant orateur qui connaît ses hommes. Il sait ainsi que Cambacérés lui est acquis et l’admire. Peu à peu, il l’enferme dans ses filets pour l’amener non seulement à accepter mais également à défendre sa décision de s ‘autoproclamer Empereur ! De fait Cambacérés est sous le charme certes mais il ne demeure pas moins stupéfait de cette audace, voire de cette folie. Pourtant, la force de conviction du fin stratège portera ces fruits…
Outre ses rêves de grandeur, Bonaparte -car c’est surtout lui qui parle- aborde des sujets divers, du plus sérieux au plus futile. Talleyrand, Fouché ou encore Robespierre, mais aussi sa famille qui lui empoisonne la vie, l’enfant qu’il espère de Joséphine, les plaisirs de la table… ou encore cette dispute de femmes, au nom desquelles Joséphine, à propos d’un châle (une tirade d’anthologie!). Le rire est donc aussi au rendez-vous.
Face à face, d’excellents comédiens. Le jeune Maxime d’Aboville incarne magnifiquement le fougueux, et si futé, Bonaparte. Si, dans un premier temps, notre oreille peut être irritée par son timbre vraiment perçant, on s’y habitue et on n’y prend vite plus garde. L’œil vif et perçant, la diction impeccable malgré le débit si rapide, le geste précis, il a tout de Bonaparte, y compris sa taille. Sa prestation est, n’ayons pas peur de le dire, carrément impériale ! Alain Pochet est également dévolu à son rôle. A l’écoute, stoïque en toute circonstance, il déploie un jeu tout en délicatesse et distinction pour faire un contrepoids parfait.
Pour parfaire ce tableau, ajoutons la mise en scène d’une sobriété efficace du jeune et talentueux Jean-Laurent Silvi, les magnifiques costumes signés Pascale Bordet et un superbe bureau… Napoléon et et vous saurez qu’un magnifique moment de théâtre vous attend !
Caroline Fabre
La Conversation
De Jean d’Ormesson
Mise en scène de Jean Laurent Silvi
Avec Maxime d’Aboville et Alain Pochet
Du mardi au samedi à 19h
Réveillon de la Saint Sylvestre : représentation à 19h
Relâche exceptionnelle les 24 et 25 décembre
Durée : 1h05
Théâtre Hébertot
78, bld des Batignolles
75017 Paris
M° Rome ou Villiers
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[Photo : DR]
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